Sur l’île d’Halmahera, dans l’archipel indonésien des Moluques, un nouveau méga-projet industriel destiné à la production de batteries pour véhicules électriques soulève de vives inquiétudes. Inauguré dimanche 29 juin par le président Prabowo Subianto, ce chantier colossal, estimé à 5,9 milliards de dollars, vient renforcer l’activité minière dans une région déjà sous pression.
Halmahera accueille déjà la plus grande mine de nickel au monde, exploitée depuis six ans par le consortium sino-français Tsinghan–Eramet dans le complexe de Weda Bay. Ce développement massif a profondément affecté la tribu des Hongana Manyawa, l’une des dernières communautés de chasseurs-cueilleurs d’Indonésie, contrainte à de multiples déplacements face à la destruction progressive de sa forêt.
Des ONG dénoncent une absence de garanties
Le nouveau projet industriel, qui prévoit l’extraction de nickel, son raffinage, ainsi que la fabrication de cathodes, implique plusieurs acteurs majeurs : le géant chinois CATL (leader mondial des batteries), Zhejiang Huayou Cobalt et la société publique indonésienne Antam.
Mais aucune garantie n’a été donnée, selon les ONG, concernant la protection des populations autochtones et la préservation de l’environnement.
"Les entreprises impliquées doivent impérativement s’engager à respecter les droits des communautés locales avant tout démarrage des travaux", a alerté Brad Adams, directeur exécutif de Climate Rights International, dans un communiqué publié le 26 juin.
Le réseau indonésien Mining Advocacy Network va plus loin, appelant à une suspension immédiate des projets menaçant les écosystèmes et les moyens de subsistance des habitants. Il reproche au gouvernement de sacrifier les alertes locales sur l’autel d’une croissance économique floue.
Un modèle économique en question
Depuis 2020, l’Indonésie a interdit l’exportation de nickel brut pour développer une industrie locale autour de ce métal stratégique, indispensable à la fabrication de batteries électriques et d’acier inoxydable. Ce choix a permis un essor industriel spectaculaire, mais au prix de fortes tensions écologiques et sociales.
Les autorités n’ont pas encore précisé la date d’entrée en service du nouveau complexe industriel, mais des déclarations officielles antérieures évoquaient une ouverture de l’usine de CATL à Halmahera en mars 2026.
Sous pression, Jakarta suspend certains projets
Face à la pression croissante des organisations environnementales, le gouvernement indonésien commence à réagir. Début juin, une campagne vidéo de Greenpeace, dénonçant l’impact de l’exploitation minière à Raja Ampat, a poussé Jakarta à suspendre temporairement certains projets dans cette autre région à haute biodiversité.
Les ONG espèrent désormais que ce précédent servira de levier pour instaurer des règles plus strictes à Halmahera, avant que les dégâts ne deviennent irréversibles.
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