Le sommet annuel des BRICS s’est ouvert le 6 juillet à Rio, dans un contexte où les membres du groupe — Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, rejoints récemment par de nouveaux pays — réitèrent leur volonté de réformer l’architecture financière internationale. Alors que les BRICS représentent près de la moitié de la population mondiale et environ 40 % du PIB mondial, plusieurs de leurs membres continuent de faire face à des niveaux de pauvreté élevés et à des dynamiques de développement encore fragiles.
Au cœur des discussions cette année : le rôle et le bilan de la Banque des BRICS, officiellement nommée Nouvelle Banque de Développement (New Development Bank, NDB), qui célèbre son 10ᵉ anniversaire. Créée en 2015 pour financer les infrastructures et le développement durable dans les économies émergentes, elle est aujourd’hui dirigée par l’ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff.
Un bilan mitigé mais stratégique
« Notre banque n’est pas seulement une institution majeure pour les économies du Sud, elle incarne la possibilité d’une nouvelle architecture financière plus équitable », a déclaré le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva lors de l’ouverture du sommet. Quelques jours plus tôt, le président chinois saluait quant à lui la NDB comme une « force émergente du système financier mondial et un symbole de la coopération Sud-Sud ».
Basée à Shanghai, la banque dispose d’un capital initial de 50 milliards de dollars. En dix ans, elle a approuvé 120 projets pour un montant total d’environ 40 milliards de dollars, dont une dizaine sur le continent africain. Parmi les pays les plus actifs dans le financement via la NDB figurent l’Inde, la Chine et le Brésil.
À titre de comparaison, la Banque africaine de développement a investi à elle seule 11 milliards de dollars en 2024, dont 280 millions pour un projet de réhabilitation du réseau ferroviaire de l’entreprise publique sud-africaine Transnet.
Vers une alternative au modèle occidental ?
Dans un contexte de repli des financements traditionnels — marqué notamment par le démantèlement de l’agence américaine USAID et une baisse générale de l’aide publique au développement —, la NDB tente de se positionner comme une alternative crédible aux institutions dominées par les puissances occidentales.
La banque s’est engagée dans une logique de collaboration renforcée, en participant récemment, fin juin, à une réunion de haut niveau à Paris avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. « Un pas important vers une action collective à plus grande échelle pour répondre aux priorités globales de développement », selon un communiqué de la NDB.
Une originalité : les monnaies locales
L’un des principes différenciants de la Banque des BRICS est la promotion de l’usage des monnaies locales dans ses financements : environ un tiers des prêts accordés sont libellés dans les devises nationales des pays membres. Cette stratégie vise à réduire la dépendance au dollar et à renforcer la souveraineté financière des États bénéficiaires.
Une décennie charnière
Malgré des ambitions affichées, certains observateurs soulignent que la portée réelle de la NDB reste encore limitée par rapport à ses objectifs initiaux. Si l’institution a permis d’amorcer une dynamique alternative, son impact demeure en deçà des attentes dans plusieurs régions, notamment en Afrique.
À l’heure où les BRICS cherchent à peser davantage dans le système économique mondial, les dix prochaines années seront décisives pour déterminer si la Banque des BRICS parviendra à s’imposer comme un levier majeur de transformation pour les pays du Sud, ou si elle restera un projet emblématique aux résultats encore trop modestes.
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