Massacre en Papouasie-Nouvelle Guinée

Au moins 73 personnes abattues dimanche 18 février dans la région des Hautes-Terres, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Selon le chef de la police papouasienne, c'est le plus important massacre dans l’histoire récente de la province des Hautes-Terres. Ce lundi 19, ses hommes étaient toujours en train de récupérer les corps des victimes d’une embuscade fomentée par une tribu rivale. Ces victimes elles-mêmes étaient en route pour en découdre avec un clan rival. 

Si les affrontements tribaux dans cette région située au nord-ouest de la capitale n’ont rien de nouveau, ils redoublent d’intensité depuis environ deux ans, et les machettes et les haches sont de plus en plus souvent remplacées par des armes à feu. La région des Hautes-Terres est le théâtre régulier d’affrontements meurtriers entre tribus locales. Ces dernières se disputent, dans cette région très pauvre, l’exploitation des terres et des ressources, auxquelles se mêlent d’interminables vendettas, face auxquelles les autorités apparaissent dépassées. 

La région déjà placée sous couvre-feu pendant plusieurs mois

Les autorités locales ont bien tenté, dès l’an dernier, d’en limiter la circulation. Elles ont également placé la région sous couvre-feu pendant plusieurs mois. Mais elles semblent incapables d’empêcher cette explosion de violence, alimentée à la fois par l’extrême pauvreté des populations locales mais aussi par un cycle interminable de vendettas.

Le Premier ministre James Marape, déjà affaibli le mois dernier par des émeutes massives dans la capitale Port Moresby, n’a à ce stade pas réagi. Il devrait être ciblé prochainement par une motion de défiance, déposé la semaine dernière par des élus d’opposition.

Des militants indonésiens dénoncent depuis 2020 les nombreuses violences dont sont victimes les Papous de Nouvelle-Guinée occidentale, une province violemment annexée par l’Indonésie en 1963. Largement méconnue et occultée, la situation des Papous de Nouvelle-Guinée occidentale s’était brièvement retrouvée sur le devant de la scène médiatique à l’été 2020, avant de retomber dans l’oubli : les violences des autorités indonésiennes à l’encontre des Papous sont passées sous silence autant que la colonisation brutale de la Nouvelle-Guinée occidentale. Pourtant, en Nouvelle-Guinée occidentale, la colonisation a déjà fait entre 100 000 et 500 000 victimes depuis 1963. Dans ce contexte répressif, de nombreuses entreprises étrangères, parmi lesquelles l’américain Freeport-McMoRan, en profitent pour exploiter le sous-sol de cette région riche en ressources naturelles, avec la complicité des autorités indonésiennes et de ses alliés – et ce au détriment des populations papoues.

Commentaires