Une vieille chanson anti-apartheid, appelant à la résistance contre l'oppression des Noirs, a refait surface en Afrique du Sud, suscitant des réactions vives de la part de figures politiques et internationales, dont Elon Musk. Désormais décriée par certains comme une incitation à la violence contre les Blancs, la chanson a fait l'objet d'une décision de la Cour constitutionnelle sud-africaine jeudi.
La chanson, qui comporte des paroles controversées telles que "tuer le Boer" et "tirer sur le Boer" (le terme "Boer" désignant les agriculteurs blancs), est un symbole de la lutte contre l’apartheid. Cependant, elle continue de susciter des débats en Afrique du Sud moderne. Le groupe politique des Economic Freedom Fighters (EFF), souvent à l'origine de sa performance lors de rassemblements, insiste sur le fait que cette chanson célèbre la résistance à l'apartheid et ne doit pas être interprétée de manière littérale.
Le retour de la chanson dans le débat public a particulièrement choqué Elon Musk, né en Afrique du Sud, qui a dénoncé sur X la chanson comme "promouvant activement le génocide des Blancs". Ce commentaire s’inscrit dans une série de critiques répétées de Musk envers la chanson, qu'il considère comme un exemple de la tolérance du gouvernement sud-africain envers ce qu'il perçoit comme de la haine anti-blanche.
Une affaire judiciaire complexe
Depuis plusieurs années, des recours judiciaires ont été engagés pour déterminer si cette chanson constitue un discours de haine et une incitation à la violence. Un tribunal l'avait qualifiée de discours haineux il y a plus de dix ans, mais cette décision a été annulée en 2022, un juge estimant qu'il n'y avait pas de preuves suffisantes d’incitation à la violence.
Jeudi, la Cour constitutionnelle a rejeté une nouvelle demande d’interdiction déposée par un groupe représentant la minorité blanche d'Afrique du Sud. Il s’agissait de la deuxième tentative infructueuse de ce groupe pour interdire la chanson.
Elon Musk et les critiques internationales
Elon Musk, bien qu'ayant quitté l'Afrique du Sud avant la fin de l'apartheid en 1994, n’a cessé de commenter la situation dans son pays natal. Bizarrement, lui qui milite pourtant pour la liberté d'expression sur son réseau social X, a récemment évoqué la chanson comme un exemple de la manière dont le gouvernement sud-africain tolère la haine anti-blanche. De son côté, l'ex-président américain Donald Trump a imposé des sanctions contre l'Afrique du Sud, reprochant au pays une "rhétorique haineuse" et des actions qui, selon lui, alimentent la violence contre les propriétaires fonciers blancs. Le gouvernement sud-africain a rejeté ces accusations, affirmant que les Blancs, représentant environ 7 % de la population, ne sont pas persécutés, bien que des disparités économiques subsistent entre les communautés noires et blanches.
Le point de vue d'AfriForum et des critiques internes
AfriForum, un groupe représentant les Afrikaners, une minorité blanche d'origine néerlandaise et française, critique fermement la chanson et a exprimé sa colère après le rejet de son recours devant la Cour constitutionnelle. Ils ont qualifié cette décision de "légitimation des appels au meurtre des Afrikaners et des agriculteurs" et ont annoncé qu'ils augmenteraient leurs patrouilles de sécurité privées. AfriForum a également exprimé des inquiétudes quant à l'influence de juges idéologiques au sein du système judiciaire sud-africain.
Malgré les inquiétudes d’AfriForum, les experts soulignent qu'il n'existe pas de preuve solide de persécutions systématiques des Blancs en Afrique du Sud. Bien que certains agriculteurs blancs aient été victimes de crimes violents, ce phénomène touche également de nombreuses autres communautés dans un pays qui lutte avec un taux de criminalité extrêmement élevé.
Les tensions raciales et la réaction politique
La chanson "Tuez le Boer" a récemment été utilisée comme un moyen de critiquer l’absence d'amélioration des conditions de vie pour les millions de Noirs pauvres en Afrique du Sud. Cependant, l’utilisation de cette chanson continue de raviver les tensions raciales dans un pays qui avait réussi à surmonter, en grande partie, les divisions héritées de l'apartheid.
La décision de la Cour constitutionnelle de maintenir l’autorisation de cette chanson a été vivement critiquée par l'Alliance démocratique, un parti d'opposition majeur en Afrique du Sud. "Le chant incendiaire ‘Tuez les Boers’ n'a pas sa place dans notre société, quelle que soit la décision de justice concernant sa constitutionnalité", a déclaré l'Alliance démocratique, exprimant sa désapprobation quant à la tolérance envers ce type de discours.
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