Burkina Faso : arrestation de journalistes pour avoir dénoncé la répression médiatique

 

Guézouma Sanogo et Boukari Ouoba, respectivement président et vice-président de l’Association des journalistes du Burkina Faso (AJB), ont été arrêtés après avoir attiré l'attention sur la répression croissante contre la liberté d'expression et les médias depuis l'arrivée de la junte au pouvoir en 2022.

Les deux journalistes ont été emmenés vers une destination inconnue, seulement deux jours après avoir dénoncé le climat de peur qui sévit dans le milieu médiatique au Burkina Faso. Le lundi 24 mars, à Ouagadougou, Sanogo et Ouoba ont été arrêtés sans que leur lieu de détention ne soit précisé. Cette arrestation a eu lieu au Centre national de presse Norbert Zongo, dans la capitale.

L’Association des journalistes du Burkina Faso a diffusé un communiqué sur Facebook le 24 mars, précisant que les deux hommes ont été « emmenés par des individus se présentant comme des policiers des services de renseignement ». Le même jour, un autre journaliste, Luc Pagbelguem, travaillant pour la chaîne privée BF1, a également été enlevé par des agents du Conseil national de sécurité. Selon BF1, l'objectif était d'entendre le journaliste concernant un reportage sur le congrès de l’AJB, tenu le 21 mars. Il n'a pas été précisé si Pagbelguem était toujours en détention.

Répression des voix dissidentes

Reporters sans frontières (RSF) a réagi en qualifiant ces arrestations de méthode récurrente, similaire à d'autres enlèvements opérés par les autorités militaires depuis leur prise de pouvoir. Depuis l'arrivée du capitaine Ibrahim Traoré à la tête de l'État, plusieurs personnalités politiques et médiatiques ont été enlevées. Dans un communiqué envoyé à l'AFP, RSF a exigé la divulgation du lieu de détention des journalistes et leur libération immédiate.

Lors du congrès de l'AJB, le 21 mars, Guézouma Sanogo avait dénoncé les multiples violations de la liberté de la presse, l'utilisation des médias publics à des fins de propagande, la fermeture de médias indépendants et l'expulsion de journalistes étrangers. Il avait également souligné les enlèvements et arrestations arbitraires de confrères, dont certains restent introuvables.

Les tensions ont également monté suite à des attaques contre la communauté peule, dans lesquelles des membres de l'armée et des supplétifs seraient impliqués. Le mouvement politique "Servir et non se servir" (Sens) avait exprimé son indignation, et quelques jours plus tard, cinq membres de ce mouvement ont été enlevés. Des ONG, dont RSF, rapportent également des cas de « réquisitions forcées » de personnes pour combattre les jihadistes.

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