L’Agence Régionale de Santé (ARS) de La Réunion a confirmé la généralisation de l’épidémie de chikungunya sur l'île, avec 4 156 nouveaux cas enregistrés en une semaine. À ce jour, 13 500 cas ont été confirmés, mais l’ARS estime qu’en réalité, ce chiffre pourrait être "deux, trois, voire quatre fois plus élevé."
"On sait que lorsqu’un cas est confirmé, il peut y en avoir deux, trois, voire quatre fois plus en réalité", reconnaît le professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’ARS de La Réunion.
Le mercredi 26 mars, l’ARS a annoncé que 4 156 nouveaux cas avaient été identifiés entre le 10 et le 16 mars, portant le total des cas signalés depuis août 2024 à 13 594.
"Tout le monde ne consulte pas un médecin, même lorsqu’il est malade, et un bilan biologique n’est pas systématiquement prescrit. Ainsi, bien que 13 500 cas soient confirmés, il est probable qu'il y ait en réalité près de 27 000, voire presque 40 000 ou 50 000 cas sur l’île", ajoute Xavier Deparis.
Des laboratoires saturés
L’ARS reconnaît que les laboratoires d’analyses médicales de l'île sont proches de la saturation, avec près de 20 000 demandes de prélèvements par semaine.
"Aujourd’hui, l’objectif est de limiter les examens biologiques aux personnes à risque, afin de confirmer le diagnostic de chikungunya", précise Xavier Deparis.
Une prise en charge réservée aux personnes vulnérables
Seules les personnes susceptibles d’être hospitalisées, comme les personnes âgées avec des facteurs de comorbidités, les femmes enceintes et les enfants, devraient bénéficier d’un examen biologique.
"Si une personne en bonne santé présente des symptômes mais ne présente pas de critères de risque, et si elle vient d’un quartier où des cas ont été signalés, un examen biologique ne sera pas réalisé", ajoute Xavier Deparis.
Plus de patients à l’hôpital
L’activité dans les services d’urgence des hôpitaux est en hausse, passant de 78 passages pour chikungunya la semaine précédente à 128 entre le 10 et le 16 mars. Les autorités ont également signalé 82 hospitalisations de plus de 24 heures, en partie liées à un rattrapage des déclarations en provenance de certains services hospitaliers. Deux décès liés au virus ont été rapportés la semaine dernière, touchant des personnes âgées, dont l’une souffrait de comorbidités.
Épidémie généralisée dans l’île
L’épidémie de chikungunya est désormais généralisée sur l'île, avec une concentration plus marquée des cas dans le sud et l’ouest. La commune du Tampon demeure la plus touchée, mais la situation a également évolué dans d’autres communes, comme La Possession, Saint-André, Saint-Paul et Sainte-Suzanne.
"Pas aussi sévère qu’en 2005"
Cependant, la situation actuelle est jugée moins grave que celle de 2005 et 2006. "Nous approcherons du pic d’ici avril, mais nous ne connaîtrons pas de pic à 50 000 cas par semaine, comme cela avait été le cas en 2005", explique Xavier Deparis.
Selon lui, la sévérité de l'épidémie est également moins importante cette année : "L’épidémie est différente, les gens sont malades pendant trois ou quatre jours, puis ils récupèrent. Nous ne constatons pas les cas graves, avec d'importantes douleurs articulaires, comme en 2005", précise-t-il.
Des renforts pour la lutte anti-vectorielle
Sur le terrain, de nouveaux renforts ont été envoyés pour soutenir les équipes de lutte anti-vectorielle. Trois professionnels de la réserve sanitaire, dont deux ingénieurs et un technicien, seront mobilisés jusqu'au 16 avril pour renforcer la logistique et la coordination des actions de mobilisation sociale en lien avec les collectivités locales.
40 000 doses de vaccin attendues
La Réunion attend la livraison de 40 000 doses de vaccin contre le chikungunya. Ces doses, prises en charge par les autorités, seront principalement destinées aux seniors de plus de 65 ans, aux adultes présentant des comorbidités (hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires, etc.) et aux agents impliqués dans la lutte anti-moustique.
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