Les bagarres entre jeunes filles se multiplient ces dernières semaines et sont massivement relayées sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et TikTok. Ce phénomène inquiétant soulève des questions sur l'origine de cette violence et les mesures mises en place par le Pays pour y faire face.
Une violence exacerbée par les réseaux sociaux
"On constate un petit rebond de violences parmi nos jeunes", observe Teiva Shan, chef de service de la délégation pour la prévention de la délinquance de la jeunesse (DPDJ). "Depuis l'émergence des réseaux sociaux, la diffusion des faits de violence s'est amplifiée. Cela suscite un engouement chez les jeunes, soit pour le buzz, soit pour montrer qui est le plus fort."
Les causes multiples de cette violence
Selon Teiva Shan, plusieurs facteurs expliquent cette montée de la violence : des aspects psychologiques, identitaires, culturels, mais aussi environnementaux, qui varient d'un individu à l'autre. À cela s'ajoutent l'alcool, la drogue et le harcèlement. L'enquête Ea Piahi 2024, menée par la direction de la santé auprès de plus de 3 000 élèves de Polynésie, révèle une évolution alarmante des conduites à risque :
- 60 % des jeunes ont déjà consommé de l'alcool.
- La consommation de cannabis a augmenté de 7 % depuis 2016 chez les 13-18 ans, atteignant aujourd'hui 40 %.
- 3,5 % des adolescents ont déclaré avoir consommé de l'ice au moins une fois dans leur vie.
- 7 % des élèves disent avoir été victimes de harcèlement et 6 % de cyberharcèlement, les filles étant deux fois plus touchées que les garçons.
Par ailleurs, les chiffres du Haut-commissariat indiquent que 9,7 % des infractions commises en 2024 concernent des mineurs.
Un climat d'insécurité croissant
Ces données illustrent à la fois la dégradation de l'état de santé des jeunes et la montée de la violence. Aux abords des établissements scolaires, de nombreux adolescents ont vu circuler ces vidéos ou ont été témoins de ces agressions. Certaines jeunes filles expriment leur inquiétude :
- "C'est parti trop loin pour une histoire aussi bidon. Je n'aime pas la violence, surtout venant de filles. On est censées être solidaires. Cela me fait peur (...). La violence ne règle rien", confie Lily.
- "Je trouve ça ridicule. Ceux qui se battent veulent juste prouver qu'ils sont forts, mais c'est absurde", ajoute un jeune homme.
Des solutions pour enrayer le phénomène
Face à cette situation, la DPDJ et les instances concernées prennent le problème à bras-le-corps. La politique du Pays s'articule autour de plusieurs axes, notamment via le schéma directeur de la jeunesse porté par la ministre Nahema Temarii et le plan de prévention de la délinquance adopté le 4 mars. Ce plan vise à :
- Accompagner les jeunes sur le plan de leur santé mentale et physique.
- Favoriser leur insertion professionnelle.
- Réduire les conduites addictives.
- Encourager un changement de comportement par des actions concrètes.
"Nous sommes actuellement en train de rédiger les fiches action qui viendront concrétiser ce plan", précise Teiva Shan.
Mais la prévention doit aussi commencer au sein des familles. "J'invite tous les parents et toutes les personnes qui accompagnent la jeunesse au quotidien à leur transmettre les valeurs qui constituent le socle de notre société", conclut-il.
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