Dépollution des eaux aux Antilles : la lutte contre la chlordécone et les solutions en développement
La pollution des eaux par la chlordécone est un problème majeur aux Antilles, où cette molécule toxique continue de contaminer durablement les nappes phréatiques et les rivières. Même en quantités infimes, la chlordécone peut avoir des effets dévastateurs sur la santé humaine et l’environnement. Heureusement, plusieurs techniques existent pour capturer les micropolluants présents dans l’eau, et d’autres sont en développement pour lutter plus efficacement contre cette pollution persistante.
Les étapes du traitement des eaux
Le traitement des eaux usées se fait en trois étapes. Dans un premier temps, on élimine les éléments les plus gros, comme le sable, les pierres ou les mousses. Ensuite, l’eau est purifiée grâce à des micro-organismes ou à des traitements physico-chimiques. Enfin, le traitement tertiaire permet d'éliminer les derniers contaminants, dont la chlordécone. Cette étape est cruciale, car elle constitue le dernier filtre avant le rejet de l’eau dans l’environnement. Actuellement, ce traitement est encore facultatif, mais les normes européennes devraient se durcir d’ici 2039, rendant le traitement tertiaire obligatoire dans les stations d’épuration.
Les techniques existantes pour éliminer la chlordécone
Pour se débarrasser de la chlordécone présente dans les eaux, deux solutions principales sont utilisées : le charbon actif et l'osmose inverse. Le charbon actif est un matériau poreux qui retient les micropolluants grâce à une affinité chimique avec les molécules de chlordécone. L'osmose inverse fonctionne comme un filtre très fin, ne laissant passer que de l'eau pure. Toutefois, ces deux méthodes ont des inconvénients : elles sont énergivores, et elles ne dégradent pas la chlordécone, mais l’emprisonnent simplement. Une fois captée, la chlordécone reste dans l’eau sous forme de concentré, qui doit être traité séparément. De plus, le charbon actif, une fois saturé, doit être brûlé, et seule une partie du charbon peut être réutilisée après ce processus.
Une alternative prometteuse : les polymères
Une solution innovante développée par l'entreprise Biostart propose des polymères capables de capter efficacement la chlordécone et d'autres micropolluants. Ces polymères, fabriqués à partir de sucres, se présentent sous forme de granules. Lorsqu'ils sont ajoutés à l'eau, ils emprisonnent les molécules de chlordécone. Non polluants eux-mêmes, ces polymères sont également réutilisables, un avantage majeur par rapport au charbon actif.
Les résultats sont prometteurs. Une étude réalisée par le BRGM, mandaté par Biostart, révèle que, après seulement 40 minutes de contact, le polymère réduit la présence de chlordécone de 90%. Selon Bertrand Duval, président de Biostart, le polymère permet de concentrer la chlordécone dans un petit volume, rendant ainsi le processus beaucoup plus efficace.
Perspectives et applications futures
Biostart envisage d’utiliser ses polymères pour remplacer le charbon actif dans les stations d’épuration, et la société mène actuellement une levée de fonds pour accélérer la commercialisation de sa solution. Un projet pilote pourrait être lancé au barrage de Moreau, en Guadeloupe, pour assainir l’eau du barrage, permettant ainsi son utilisation pour l'irrigation des cultures.
À long terme, Biostart espère également rendre sa technologie accessible aux agriculteurs, pour qu'ils puissent purifier l’eau utilisée pour l’irrigation, ainsi qu’aux particuliers, qui pourraient acquérir un filtre à installer directement sur leurs robinets.
Ainsi, face à la menace persistante de la chlordécone, ces nouvelles technologies offrent de l’espoir pour dépolluer les eaux des Antilles et protéger la santé des populations.
Commentaires
Enregistrer un commentaire