Mali : les recettes de l’or bondissent de 52,5 % malgré une baisse de la production

 

Le Mali a enregistré une hausse spectaculaire de 52,5 % de ses recettes issues de l’exploitation aurifère en 2024, selon un rapport du ministère des Mines consulté par Reuters le mercredi 9 avril. Une performance notable, alors même que la production industrielle d’or a connu un recul de 23 % sur la même période.

Un nouveau code minier plus avantageux pour l’État

Ce rebond des recettes – qui passent de 547,6 milliards à 835,1 milliards de francs CFA (soit de 834,8 millions à 1,27 milliard d’euros) – s’explique principalement par la mise en œuvre du nouveau code minier, adopté en 2023. Ce texte permet désormais à l’État de participer jusqu’à 30 % dans les nouveaux projets miniers, contre des parts bien moindres auparavant, dans un secteur jusque-là largement contrôlé par des groupes étrangers.

Parmi les leviers de cette hausse de revenus : une fiscalité plus lourde, une meilleure collecte des impôts, ainsi qu’une augmentation des dividendes versés par les compagnies minières. L’or représente aujourd’hui 25 % du budget de l’État, 75 % des recettes d’exportation et 10 % du PIB malien.

Tensions avec Barrick Gold

Malgré ces résultats encourageants pour le gouvernement, les relations avec certains acteurs majeurs du secteur sont tendues. Le géant canadien Barrick Gold, principal producteur d’or au Mali, s’est heurté aux autorités maliennes après l’entrée en vigueur du nouveau code. En janvier, le groupe a suspendu les activités de son complexe de Loulo-Gounkoto, en réaction à la saisie de trois tonnes d’or par l’État, qui bloquait déjà ses exportations depuis novembre 2023. Plusieurs cadres de l’entreprise avaient même été brièvement incarcérés.

Depuis, des négociations ont été engagées entre la junte dirigée par Assimi Goïta et le PDG de Barrick, Mark Bristow, dans l’espoir d’un compromis avant l’expiration du permis d’exploitation prévue en 2026.

Une production à la peine, des perspectives incertaines

Si les tensions avec Barrick perdurent, d'autres compagnies semblent s'adapter plus facilement. Toubani Resources, par exemple, a accepté les nouvelles règles du jeu et s’est vu renouveler sa licence pour le site de Kobada.

Concernant la baisse de la production industrielle en 2024, le ministère des Mines tablait initialement sur une reprise progressive, notamment en mars. Mais cette prévision reposait sur l’hypothèse d’une reprise rapide des activités de Barrick — ce qui, à ce jour, ne s’est pas matérialisé.

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