Au quatrième trimestre 2024, les exportations polynésiennes ont plongé de 62 %, principalement en raison de l’effondrement du marché de la perle de culture, produit phare de la région. Sur cette période, la valeur des exportations de perles a reculé de 69 %, et le volume de 49 %, selon les dernières données publiées par l’Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF).
En cause : des contrôles fiscaux renforcés en Chine, principal débouché du secteur, mais aussi une chute de la production de nacres, indispensable à la culture des perles.
« On est fiu d’attendre. Cela fait cinq ans qu’on subit la crise. Pour moi, c’est la dernière année : si rien ne change, en 2026, il n’y aura plus de salariés. »
— Hoarai Urarii, perliculteur à Rikitea
En 2024, ce professionnel a perdu 70 % de sa production de nacres, un constat partagé dans de nombreuses fermes perlières de l’archipel des Gambier. D’après l’ISPF, les exportations de perles de culture ont baissé de moitié en un an, en volume.
Des prix en chute libre
Maeva Wane, représentante de la perliculture au CESEC (Conseil économique, social, environnemental et culturel), observe une forte instabilité du marché :
« 2023 a été une année exceptionnelle, mais 2024 a été plus calme, plus sage. En 2025, le marché semble se stabiliser. »
Le prix moyen du gramme de perle brute s’est établi à 700 francs CFP fin 2024, en baisse de 39 % sur un an. Pour rappel, les producteurs jugent satisfaisant un prix supérieur à 1 000 francs.
Maeva Wane souligne également que la baisse de fréquentation des acheteurs chinois est liée aux contrôles fiscaux massifs menés par Pékin sur les commerçants de perles, ce qui a freiné les transactions.
Autres facteurs avancés : certains perliculteurs auraient préféré conserver leur production, tandis que le retour incertain des greffeurs chinois a limité la récolte.
Une filière en crise, des solutions en gestation
Aux Gambier, la situation est jugée « alarmante » par Hoarai Urarii. Il estime que plus de 50 % du cheptel de nacres a disparu, ce qui compromet durablement la capacité de production.
Le perliculteur fait le lien avec le réchauffement climatique, pointant la disparition progressive des "géniteurs" (nacres reproductrices). La crise menace l’économie locale, dans un archipel où la perliculture fait vivre de nombreuses familles.
Face à cette urgence, les professionnels explorent des solutions durables, notamment le développement d'écloseries. Mais cette option reste coûteuse, longue à mettre en place et techniquement exigeante.
Une alternative plus immédiate est actuellement testée : le transfert de naissains depuis l’IFREMER (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) vers les Gambier.
« Ce serait une solution rapide, peu coûteuse et facile à mettre en œuvre », explique Hoarai Urarii.
Plusieurs dizaines de milliers de naissains pourraient être transportés par avion, dans une boîte d’ice cream.
Des chiffres inquiétants sur l’année
En cumul annuel, les exportations de perles de culture brutes ont chuté de 59 % en valeur et de 52 % en volume. Un coup dur pour une filière stratégique, aujourd’hui à la croisée des chemins.
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