Saint-Pierre-et-Miquelon serait OQTF paradise selon Laurent Wauquiez

Le candidat à la présidence des Républicains, Laurent Wauquiez, a déclenché une vive controverse en proposant que les étrangers en situation irrégulière, visés par une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), soient envoyés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, territoire d’Outre-mer situé à 4300 km de Paris. « Ils n’auraient qu’une seule alternative : soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux », a-t-il déclaré mardi dans une interview au JDNews.

Sur X, mercredi matin, Wauquiez a maintenu ses propos, affirmant : « Je signe et persiste. Manuel Valls, Marine Tondelier et autres marquis de la bien-pensance qui ont critiqué ma position, quelle autre proposition avez-vous pour protéger les Français ? Aucune. »

Selon lui, l’archipel, qui ne fait pas partie de l’espace Schengen, permettrait d’« empêcher tout retour » dans l’Hexagone. « Vous refusez de retourner dans votre pays ? Très bien, vous prenez un aller simple pour Saint-Pierre-et-Miquelon, sans vol retour pour l’Europe », a-t-il insisté.

Un tollé politique général

La proposition est survenue quelques jours après la reprise du dialogue diplomatique entre la France et l’Algérie, dans un contexte tendu depuis l’attentat de Mulhouse, perpétré le 22 février 2025 par un ressortissant algérien. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau – rival de Wauquiez pour la présidence du parti – avait alors adressé à Alger une liste de 58 individus à expulser. Une démarche restée lettre morte.

Les réactions à la sortie de Wauquiez n’ont pas tardé. Dès mardi soir, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a dénoncé une proposition « indigne ». Dans un communiqué, il rappelle que « Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est la France – pas une prison ou un centre de rétention ». Et de fustiger : « L’exil forcé, c’est une méthode de colon, pas d’élu de la République. Le bagne de Cayenne, c’est loin – et tant mieux. »

Jacques Attali, soutien d’Emmanuel Macron, s’est également emporté : « Laurent Wauquiez piétine toutes les valeurs de la République. Ceux qui ne s’en indigneront pas seront les complices d’une tragique banalisation du mal. »

Même à droite, la proposition divise. Marine Le Pen a jugé que « la place des OQTF, c’est dans leur pays… sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens ». Hélène Laporte, députée RN, a raillé : « Déplacer le problème sans le régler, on reconnaît bien les LR. »

Gauche vent debout, références au bagne

À gauche, les critiques sont tout aussi virulentes. Le député socialiste Aurélien Rousseau s’est interrogé : « Est-ce qu’il pense vraiment ce qu’il dit ou est-il pris dans un tourbillon où il sait pertinemment l’indécence, la gravité et l’incohérence de ses mots ? » Arnaud Saint-Martin, député insoumis, a parlé de « déportation organisée vers un bagne ? Un camp ? Un Guantánamo façon Vichy 2.0 ? [...] Le naufrage continue. »

Johanna Rolland, maire PS de Nantes, a renchéri : « Wauquiez veut renouer avec la tradition impériale de transformer les Outre-mer en bagne. Indigne insulte aux valeurs de la République. »

Ce n’est pas la première fois qu’un responsable politique évoque des idées similaires. En 2014, Nicolas Dupont-Aignan proposait déjà de rouvrir le bagne de Cayenne pour y interner les prisonniers les plus dangereux. Plus récemment, Éric Ciotti, alors à la tête des Républicains avant son éviction pour alliance avec Marine Le Pen, militait pour un « Guantánamo à la française » destiné aux islamistes.

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