Zimbabwe : tensions et contestation autour de la prolongation du mandat de Mnangagwa

Le vice-président n’a pas réagi publiquement aux appels visant à remplacer Emmerson Mnangagwa, tandis que les responsables du gouvernement démentent toute fracture entre les deux hommes.

Face à la faible mobilisation observée lundi, Farai Murapira, membre du parti au pouvoir Zanu-PF, a minimisé son importance, affirmant que les réseaux sociaux ne reflétaient pas la réalité.

Cependant, le politologue Ibbo Mandaza a rejeté ces affirmations, estimant que l'ampleur de la fermeture des commerces constituait un message politique fort.

"Cette paralysie était une déclaration massive", a-t-il souligné.

Dans plusieurs villes et villages, boutiques, marchés et écoles sont restés fermés, transformant les rues habituellement animées par les vendeurs ambulants et la circulation dense en zones quasi désertes. Les transports en commun ont fortement ralenti, de nombreux habitants préférant éviter tout risque de débordement.

Les forces de l’ordre ont renforcé la sécurité, multipliant les barrages routiers aux entrées de Harare et patrouillant en camion et à pied dans le centre-ville. Elles ont également été aperçues en train de dégager les routes obstruées par des pierres et des blocs de ciment jetés par des manifestants.

Face aux tensions, le clergé zimbabwéen a lancé un appel au calme, mettant en garde contre le risque de déstabilisation d’un pays déjà fragilisé.

Un employé d’une station-service a confié à la BBC, d’une voix prudente, que "les gens ordinaires ne veulent pas que le pays sombre dans une guerre civile".

À l’origine des manifestations se trouve un projet controversé du président Mnangagwa visant à prolonger son mandat de deux ans, jusqu’en 2030, alors que son second et dernier mandat doit officiellement s’achever en 2028.

Le slogan "2030, il sera toujours le leader", relayé par ses partisans, contredit cependant la constitution du Zimbabwe, qui limite la présidence à deux mandats de cinq ans chacun.

Bien que Mnangagwa ait récemment assuré qu’il quitterait le pouvoir dans trois ans, le scepticisme demeure au sein de la population.

Parmi les voix les plus critiques figure Geza, vétéran de la guerre de libération des années 1970 et ancien cadre influent du Zanu-PF. Lors de multiples conférences de presse, il a lancé une attaque virulente contre Mnangagwa, son front plissé et sa voix grave trahissant sa colère.

Il a exhorté à plusieurs reprises le président âgé de 82 ans à se retirer, avertissant qu’il risquait d’être destitué s’il persistait à vouloir rester au pouvoir

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