Cameroun : les cotonculteurs retournent à l’école pour mieux cultiver et gérer leur production

 

Dans le nord du Cameroun, une initiative originale est en train de transformer le quotidien des producteurs de coton : des cours d’alphabétisation dispensés par l’Alliance française de Garoua permettent aux agriculteurs, en majorité des femmes, de renouer avec les savoirs de base pour améliorer leurs pratiques professionnelles.

Une école au cœur des champs

Le Cameroun est reconnu pour la qualité et le rendement de son coton, grâce à un respect rigoureux des itinéraires techniques, comme les calendriers agricoles ou l’utilisation raisonnée des produits phytosanitaires. Toutefois, le fort taux d’analphabétisme dans la région freine l’adoption optimale de ces bonnes pratiques.

Pour y remédier, l’Alliance française propose des formations aux producteurs. Dans les classes de premier niveau, les participants réapprennent à lire, écrire et compter. Madeleine, 54 ans, suit les cours avec enthousiasme :

« En mathématiques, rien ne peut me dépasser ! Je peux peut-être devenir comptable à la Sodecoton », plaisante-t-elle, avant d’ajouter plus sérieusement :
« Avant, je ne savais pas si les agents de la Sodecoton me payaient correctement. Maintenant, je peux peser le coton et vérifier les calculs moi-même. »

Félicitée, une jeune femme d’une vingtaine d’années, découvre également les bénéfices immédiats de cette formation :

« Je ne savais pas lire. Maintenant, je peux déchiffrer les notices sur les produits. Ça m’aide beaucoup dans mon travail. »

Allier alphabétisation et autonomie économique

Au-delà des savoirs fondamentaux, l’Alliance française a introduit cette année un quatrième niveau de formation, axé sur les activités génératrices de revenus, comme la fabrication de savon.

« Nous avons remarqué que, parallèlement à l’agriculture, les participants pouvaient diversifier leurs sources de revenus », explique Wadjiri Pahimi, superviseur local.
« Les autres cours restent centrés sur le français, la lecture, l’écriture et le calcul, car beaucoup d’apprenants n’ont jamais été à l’école ou ont arrêté très tôt. »

Une réponse à un besoin structurel

Ces formations répondent à une demande exprimée par la société cotonnière Sodecoton et la Confédération des cotonculteurs du Cameroun, soucieuses d’améliorer la gestion et l’autonomie des producteurs. Le programme est mis en œuvre en partenariat avec le ministère de l’Éducation.

L’an passé, plus de 1 500 apprenants ont fréquenté ces classes à raison de deux heures par jour, cinq jours par semaine. Une dynamique prometteuse, qui montre que l’éducation des adultes peut être un levier puissant pour moderniser l’agriculture et renforcer l’autonomie économique en zone rurale.

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