Quarante ans après avoir électrisé la scène reggae-dancehall, le Sleng Teng riddim continue de faire vibrer les platines du monde entier. Ce beat mythique, pionnier du numérique en Jamaïque, s’apprête à être célébré avec faste par son créateur, le légendaire King Jammy.
Dans une récente interviewJack Reuben, manager du producteur, a annoncé la sortie prochaine d’un album commémoratif, Sleng Teng Worldwide, inscrit dans le cadre du King Jammy Legacy Project. L’idée : réunir des artistes venus des quatre coins du monde pour réinterpréter ou revisiter ce riddim culte.
« La programmation de cet album est celle d'une équipe de rêve », a-t-il confié, sans toutefois dévoiler les noms. « Mais soyez assurés que l’attente en vaudra la peine. »
Une révolution née d’un clavier Casio
L’histoire commence fin 1984, dans le quartier de Waterhouse, à Kingston. Le musicien Noel Davey compose un rythme sur un simple clavier Casio MT-40, dans le home-studio de King Jammy. Quelques mois plus tard, à l’été 1985, Wayne Smith pose sa voix sur ce riddim et signe Under Mi Sleng Teng, un morceau qui propulsera le dancehall dans l’ère numérique.
Le succès est immédiat. Les artistes se ruent pour poser leur voix sur ce rythme digital inédit. Tenor Saw avec Pumpkin Belly, Johnny Osbourne avec Buddy Bye, John Wayne (What The Police Can Do) ou encore Anthony Red Rose (Under Mi Fat Thing) participent à l'explosion de ce nouveau son.
Un héritage mondial
« Le fait que Sleng Teng soit toujours diffusé sur les radios quarante ans après sa création est une fierté immense pour King Jammy », a affirmé Jack Reuben. « C’est une production intemporelle, et nous voulons offrir aux fans quelque chose de vraiment spécial. »
Parmi ceux qui ont été marqués par le riddim, Chris Schlarb, directeur du label DubShot Records à New York, se souvient de sa première écoute à l’Université du Vermont :
« Ce rythme, entièrement fabriqué sur un clavier Casio, résume à lui seul la puissance brute de la culture musicale jamaïcaine. Il m’a ouvert les yeux : la création musicale n’a de limites que l’imagination. »
Une empreinte indélébile
Si Wayne Smith, disparu en 2014, reste la voix emblématique du Sleng Teng, Noel Davey a régulièrement revisité le riddim, produisant de nouveaux titres pour Anthony B, Beenie Man, Bounty Killer ou encore Captain Barkey.
Quant à King Jammy, son influence sur le dancehall ne s’est pas arrêtée là. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, il enchaîne les hits avec des artistes comme Cocoa Tea, Admiral Bailey, Nitty Gritty, Super Cat, Shabba Ranks et Home T.
Une célébration en préparation
L’album Sleng Teng Worldwide promet de réunir plusieurs générations autour d’un riddim qui a redéfini les codes du reggae et du dancehall. Un hommage vibrant à l’audace d’un producteur visionnaire et à l’esprit DIY qui fait la force de la musique jamaïcaine.
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