Haïti a vivement critiqué, jeudi, les "actes xénophobes" et les "violations des droits" subis par ses ressortissants en République dominicaine, notamment les femmes enceintes. Dans un communiqué officiel, le ministère haïtien des Affaires étrangères a exprimé sa "plus grande préoccupation" face aux traitements infligés à ses citoyens de l’autre côté de l’île d’Hispaniola.
Depuis le 21 avril, les autorités dominicaines ont instauré une nouvelle mesure controversée : l’obligation pour les étrangers de présenter des papiers d’identité lorsqu’ils se rendent dans les hôpitaux publics. En l’absence de documents, les patients sont soignés puis immédiatement expulsés. Cette directive a suscité l’indignation d’organisations humanitaires, particulièrement concernées par la situation des femmes enceintes et allaitantes.
Le gouvernement haïtien appelle au "dialogue" et à l'intervention des "organisations de la société civile" afin de faire respecter les droits fondamentaux de ses ressortissants, où qu’ils se trouvent.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, le président dominicain Luis Abinader, réélu en 2024, a durci sa politique migratoire, notamment en lançant la construction d’un mur à la frontière avec Haïti. L’immigration haïtienne est au cœur de son programme politique, dans un contexte où de nombreux Haïtiens fuient la pauvreté et l’insécurité gangrenant leur pays.
Mardi, les Nations unies ont alerté sur l’expulsion de centaines de femmes enceintes ou allaitantes en l’espace d’un mois. L’ONU a appelé à des politiques migratoires "respectueuses de la dignité humaine" et a plaidé pour une "solidarité régionale renforcée".
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 20 000 personnes ont été renvoyées vers Haïti en avril, un chiffre record sur un mois. Parmi elles, un nombre croissant de femmes vulnérables, exposées à de graves risques sanitaires et sociaux.
Haïti, en proie à une crise humanitaire et sécuritaire profonde, subit depuis des années l’emprise de groupes armés responsables de meurtres, viols, pillages et enlèvements, sur fond d’instabilité politique chronique. Face à cette détresse, la pression migratoire vers la République dominicaine s’intensifie, exacerbant les tensions entre les deux pays voisins.
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