Hōkūleʻa, la pirogue qui fait voguer l’esprit polynésien depuis 50 ans

 


Depuis 1976, la pirogue Hōkūleʻa parcourt l’océan Pacifique en renouant avec les traditions ancestrales de navigation. Sans GPS ni moteur, elle se laisse guider par les étoiles, les vents, les courants marins et le vol des oiseaux, à l’image des grands navigateurs polynésiens d’autrefois. Ce retour aux sources maritimes a provoqué un profond réveil culturel à travers tout le triangle polynésien.

Tout commence en 1976, lorsque Hōkūleʻa quitte Hawaii pour rejoindre Tahiti. À son bord, Mau Piailug, navigateur traditionnel originaire de Satawal, en Micronésie. Après 34 jours en mer, la pirogue arrive à Papeete le 4 juin. L’accueil est triomphal : 17 000 personnes acclament cet exploit symbolique, bien plus qu’un simple voyage. Il marque une prise de conscience identitaire pour des générations entières d’Océaniens. Depuis, Hōkūleʻa est devenue un emblème vivant du renouveau culturel polynésien et a entrepris de nombreuses expéditions, dans tout le Pacifique mais aussi à travers le monde.

Tahiti, qui fut sa première destination, conserve une place centrale dans cette épopée. La pirogue y revient régulièrement, comme en 2017 et 2022, pour rencontrer les habitants, partager les savoirs de la navigation céleste et raviver les liens ancestraux. Pour son 50e anniversaire, Hōkūleʻa repartira fin mai 2025 de Hawaii et prévoit plusieurs escales en Polynésie française : Rangiroa autour du 17 juin, Taputapuātea — site sacré inscrit à l’UNESCO — vers le 23 juin, avant une arrivée attendue à Papeete le 28 juin. De nombreuses festivités accompagneront cette traversée, entre célébration, transmission et engagement écologique. Le navigateur tahitien Matahi Tutavae, président de l’association Fa’afaite, sera à bord pour poursuivre cette mission.

Au fil des années, Hōkūleʻa est devenue porteuse d’un message universel : protéger les océans et valoriser les cultures insulaires. Construite selon les méthodes traditionnelles, elle montre qu’il est possible de conjuguer mémoire et modernité, héritage et avenir. Pourtant, le voyage n’a pas toujours été paisible. En 1978, l’expédition tourne au drame avec la disparition en mer d’Eddie Aikau, surfeur légendaire et membre de l’équipage, parti chercher de l’aide après un chavirage. Depuis, la sécurité est renforcée, et chaque équipier – une douzaine à bord par rotation – suit un entraînement rigoureux avant d’embarquer.

Aujourd’hui encore, Hōkūleʻa poursuit sa traversée du monde comme un trait d’union entre les peuples du Pacifique, éveillant les consciences sur l’environnement, les savoirs ancestraux et la nécessité de préserver ce lien unique entre l’homme et l’océan.

Le récap’ express : qu’est-ce que Hōkūleʻa ?

Hōkūleʻa est une pirogue double traditionnelle hawaïenne, construite en 1975 par la Polynesian Voyaging Society. Sa mission : prouver que les anciens Polynésiens pouvaient naviguer à travers le Pacifique sans instruments modernes, simplement en observant les étoiles, les vents et les courants. Son premier grand voyage vers Tahiti en 1976 a marqué l’histoire et déclenché un mouvement culturel majeur. Depuis, elle sillonne les mers et les continents comme une école flottante, mêlant navigateurs, scientifiques, enseignants et jeunes en formation, pour faire vivre et transmettre l’héritage maritime du Pacifique.

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