En moins de cinq ans, la Jamaïque a vu disparaître plus de 260 acres de sa réserve forestière à cause des incendies, un phénomène en nette accélération. Selon les données du Département des forêts, 104 acres ont brûlé en 2024, soit près du triple de l’année précédente. À peine cinq mois après le début de l’année 2025, plus de 52 acres ont déjà été détruits.
Les zones les plus touchées sont situées à St Thomas, dans la réserve de Bull Head à Clarendon, ainsi qu'à la frontière entre Hanovre et Westmoreland. Entre 2020 et 2025, 78 incendies ont été recensés dans les forêts protégées du pays.
Selon les autorités, cette situation résulte de la combinaison d’une sécheresse prolongée, de températures records dues au changement climatique, et de pratiques agricoles à feu ouvert. « Les incendies de forêt menacent directement nos écosystèmes. Ils détruisent des espèces endémiques, perturbent les habitats et compromettent la biodiversité », alerte Howard Beckford, directeur principal de la sylviculture.
Parmi les espèces végétales touchées : le mahoe bleu, l’acajou de Jamaïque, l’orme d’Espagne et plusieurs orchidées. Côté faune, le boa de Jamaïque, l’iguane endémique ou encore le papillon géant sont en danger. Ces habitats mettront des décennies à se rétablir.
Les zones reculées où se trouvent certaines réserves compliquent l’intervention des pompiers. À Bull Head, en 2023, un incendie a fait rage pendant une semaine sans pouvoir être éteint. Plus de 3 000 jeunes plants y ont été anéantis.
Face à cette urgence écologique, le Département des forêts intensifie ses efforts : entretiens de sentiers, coupe-feux, patrouilles, reforestation avec semis avancés. Plus de 530 000 arbres ont été plantés ces cinq dernières années, dont 75 % d’essences à bois.
En parallèle, des actions de sensibilisation sont menées dans les communautés rurales, avec des ateliers sur la gestion des incendies en partenariat avec la brigade des pompiers. Depuis 2017, plus de 500 personnes ont été formées à des techniques préventives et d’extinction.
Outre les feux, l’exploitation forestière illégale fragilise davantage les réserves. Depuis 2024, trois cas majeurs ont été signalés, notamment dans le Cockpit Country et les réserves de Cape Clear et Mount Diablo, où plus de 1 600 pièces de bois récoltées illégalement ont été saisies.
Le Département des forêts prévoit d’étendre les zones protégées à 30 % du territoire d’ici 2030. Certaines nouvelles zones sont en cours d’évaluation pour être classées, y compris sur des terres privées.
« Nos forêts sont des trésors fragiles. Leur dégradation rapide souligne l’urgence d’une action coordonnée, d’une éducation renforcée et d’une stricte application des lois », conclut Stewart, directrice du Département.
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