La Namibie commémore pour la première fois le génocide des Hereros et Namas

 

Ce mercredi 28 mai, la Namibie organise pour la première fois une journée nationale de commémoration du génocide perpétré par l'Allemagne contre les peuples Herero et Nama au début du XXe siècle. La date a été déclarée jour férié en hommage aux dizaines de milliers de victimes de la colonisation allemande.

Les cérémonies officielles se dérouleront dans les jardins du Parlement à Windhoek, avec notamment une veillée aux chandelles en mémoire des vies perdues. Le gouvernement namibien a annoncé que cette journée, désormais annuelle, marquera un temps de recueillement, de deuil collectif et de reconstruction nationale.

Une date hautement symbolique

Le choix du 28 mai n’est pas anodin : c’est le 28 mai 1907 que les autorités coloniales allemandes, sous pression internationale, ont ordonné la fermeture des camps de concentration en Namibie. Ces camps, où les conditions de détention étaient inhumaines, ont causé des dizaines de milliers de morts.

Considéré comme le premier génocide du XXe siècle, ce massacre a coûté la vie à environ 60 000 Hereros et 10 000 Namas, victimes de déportations, d’exécutions de masse, de famines organisées et de violences systématiques entre 1904 et 1908, sous l’occupation allemande du Sud-Ouest africain.

Une reconnaissance tardive, sans excuses officielles

Il a fallu attendre 2021 pour que l’Allemagne reconnaisse officiellement sa responsabilité dans ces crimes. Toutefois, Berlin n’a toujours pas présenté d’excuses formelles ni proposé de réparations. L’Allemagne s’est engagée à verser plus d’un milliard de dollars d’aide au développement sur 30 ans, une offre que la Namibie a rejetée, estimant qu’elle ne reflète pas la gravité historique du génocide. Les discussions entre les deux pays se poursuivent.

Une étape vers la justice et la mémoire

Pour le gouvernement namibien, cette commémoration marque un tournant. Elle symbolise le début d’un processus de guérison collective, à la fois pour les descendants des victimes et pour la nation tout entière.

« Nous devons faire de cette journée un moment de mémoire, mais aussi de réaffirmation de notre dignité », a déclaré un représentant du ministère de la Justice. En inscrivant cette date dans le calendrier national, la Namibie entend rappeler que l’histoire coloniale ne peut être oubliée, et que la justice passe aussi par la reconnaissance des souffrances subies.

Commentaires