Le Burkina se souvient : un mausolée pour Sankara, symbole d’intégrité et de lutte

Depuis le samedi 17 mai, un monument imposant se dresse fièrement sur le site du Conseil de l’Entente, à Ouagadougou. Il s’agit du mausolée dédié à Thomas Sankara, figure emblématique de la révolution burkinabè de 1983, et à ses douze compagnons assassinés en 1987.

Conçu en forme d’œil et s’élevant à plus de 70 mètres de hauteur, le mausolée est doté d’une rampe monumentale et d’un escalier descendant symbolisant les 13 martyrs tombés au champ d’honneur. Cette œuvre architecturale puissante représente un geste de mémoire collective et une affirmation politique forte : celle du triomphe des idéaux révolutionnaires sur l’impérialisme.

L’édifice est signé Francis Kéré, architecte burkinabè mondialement reconnu, lauréat du prestigieux prix Pritzker en 2022. Construit en blocs de latérite taillés, le mausolée reflète les valeurs portées par Thomas Sankara : la simplicité, l’écologie et l’utilisation des ressources locales au service d’un développement durable, autonome et souverain.

Au-delà de sa dimension architecturale, le Premier ministre Jean Emmanuel Ouédraogo a salué la portée symbolique de ce lieu qu’il qualifie d’« espace d’éveil collectif ». Il y voit un appel adressé à la conscience nationale et à tous les défenseurs de la paix et de la justice sociale, rappelant le sacrifice de Sankara et de ses compagnons comme fondement d’une intégrité toujours vivante, bien que longtemps persécutée.

Le mausolée s’inscrit dans une dynamique de réappropriation de l’héritage politique de la révolution d’août 1983. Présent lors de l’inauguration, Alouna Traoré, compagnon de route de Sankara, aujourd’hui âgé de 60 ans, a exhorté la jeunesse africaine à se lever et à assumer ses responsabilités :

« L’heure de l’Afrique a sonné. Nous devons cesser d’être infantilisés. Notre continent est riche, mais exploité. Il est temps que les Africains prennent leur destin en main. »

Dans cet esprit de reconnaissance historique, plusieurs rues de la capitale burkinabè seront prochainement renommées en hommage aux douze compagnons tombés aux côtés de Sankara.

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