Nouvelle-Calédonie : 2 600 forces de l’ordre déployées à l’approche du 13 mai

Un dispositif sécuritaire d’une ampleur exceptionnelle est entré en vigueur ce jeudi 8 mai en Nouvelle-Calédonie. À quelques jours de la date anniversaire des émeutes de mai 2024, les autorités locales ont mobilisé 2 600 policiers et gendarmes pour garantir l’ordre public et prévenir tout risque de débordement.

"Les forces de l’ordre resteront jusqu’à nouvel ordre", a affirmé le nouveau haut-commissaire de la République, Jacques Billant. Conscient des tensions persistantes, il se veut rassurant : "Le 13 mai reste une date sensible pour beaucoup de Calédoniens, au regard du traumatisme vécu l’année dernière. Mais à ce stade, aucun renseignement ne fait état d’une mobilisation de masse. Nous restons cependant vigilants."

Un arrêté préfectoral interdit toute manifestation à Nouméa du 8 au 15 mai, tandis que d’autres mesures pourraient être prises dans les jours à venir.

Un maillage renforcé du territoire

Le dispositif repose sur un maillage intensif du territoire. En complément des 2 094 gendarmes déjà mobilisés, 500 policiers supplémentaires, dont des unités d’élite comme le RAID, sont déployés. "Nous avons quadruplé les patrouilles, dans une stratégie de saturation du terrain", explique Marjorie Ghizoli, directrice de la police nationale.

Les horaires de surveillance ont été adaptés, avec un renforcement en fin d’après-midi et début de soirée, période jugée la plus sensible. La ville de Nouméa a été divisée en zones d’action selon leurs spécificités, afin de permettre une réponse plus ciblée.

23 véhicules blindés, 2 drones thermiques

Sur le terrain, 23 véhicules blindés sont opérationnels, dont 16 du modèle Centaure. "Les forces de sécurité doivent être mobiles, visibles et prêtes à intervenir sur tout le territoire", souligne le haut-commissaire. Une attention particulière est portée à la liberté de circulation, notamment sur l’axe Nouméa–Tontouta, essentiel pour relier la capitale à l’hôpital et à l’aéroport.

Deux drones équipés de caméras thermiques viennent compléter le dispositif. "Ils nous offrent une vue aérienne continue, même de nuit, pour anticiper les rassemblements suspects et guider les interventions au sol", détaille la police nationale.

Saint-Louis sous surveillance renforcée

Saint-Louis, théâtre de violences lors des précédents troubles, fait l’objet d’une attention particulière. La route traversant la tribu reste ouverte en permanence, sécurisée jour et nuit. "Ce secteur est prioritaire. Nous travaillons en lien avec les autorités coutumières pour garantir la paix", affirme le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie.

À Mont-Dore, les dispositifs en place depuis 2024 restent inchangés : postes fixes à Thabor et à La Coulée, escortes nocturnes des convois, et présence renforcée de mobiles.

Des interpellations ciblées et un appel au calme

Depuis le début de l’année, près de 100 interpellations ont été réalisées en lien avec des violences urbaines. "Les faits sont quotidiens, mais les forces de l’ordre répondent systématiquement. Nous avons étoffé nos équipes d’enquête pour une meilleure efficacité", précise le haut-commissaire.

Marjorie Ghizoli insiste sur la réactivité des services : "Nous travaillons étroitement avec le centre d’information et de commandement pour agir rapidement à tout appel au 17."

Dans un contexte tendu, un message d’apaisement a été lancé par la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), qui a appelé ses militants "au calme et à la mesure" via un communiqué publié sur sa page Facebook.

Alors que la mémoire des émeutes de mai 2024 reste vive, les autorités misent sur la dissuasion et la présence pour éviter un nouveau basculement.

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