Braver la mer, même dans les conditions les plus extrêmes : telle est la mission que se donnent, sans hésiter, les bénévoles de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) à Saint-Pierre-et-Miquelon. Sur cet archipel où les eaux peuvent se montrer redoutables, ils sont les gardiens des vies en danger, qu’il s’agisse de plaisanciers, de professionnels ou d’habitants isolés.
14 bénévoles, un engagement total
Aujourd’hui, la station SNSM de Saint-Pierre-et-Miquelon compte 14 bénévoles qualifiés pour intervenir en mer, avec des équipes de six membres mobilisées lors de chaque mission. En moyenne, l’association effectue une quarantaine de sorties par an, grâce au Jaro 2, vedette entrée en service en 2010. Ces interventions peuvent être des sauvetages, des évacuations sanitaires, des entraînements ou des services ponctuels à la population.
Parmi les bénévoles, Enrique Perez, président de la station, aime rappeler avec humour que « c’est la seule vedette de la SNSM qui transporte aussi des poussins », en référence au transport exceptionnel de 2 500 poussins le 17 avril 2022. Mais au-delà de l’anecdote, l’engagement est sérieux : sauver des vies humaines est la priorité absolue, et cette mission est entièrement gratuite.
Sauvetages gratuits, services payants
En revanche, certains services comme le remorquage de navires ou le transport de personnes (notamment des professionnels) sont facturés. Récemment, l’équipage a ainsi permis à une équipe de pompiers des Îles de la Madeleine de rejoindre Saint-Pierre à temps pour attraper leur vol retour.
Les tarifs locaux restent inférieurs à ceux de la métropole : une évacuation sanitaire (EVASAN) coûte environ 400 € de l’heure, contre 600 € en moyenne dans l’Hexagone. En 2024, sept évacuations ont déjà été réalisées. En 2023, on en comptait 19, dont 17 pour Miquelon.
Les revenus générés contribuent au fonctionnement de la station, tout comme les bénéfices de la boutique de la SNSM locale.
Un besoin criant de modernisation
Le président Enrique Perez nourrit un espoir pour l’avenir : disposer d’un bateau plus rapide, capable d’atteindre 25 à 30 nœuds. Une telle vedette permettrait de réduire considérablement les temps d’intervention, par exemple entre Saint-Pierre et Miquelon, passant de 1h20 à seulement 1h.
Une histoire vieille de 160 ans
L’utilité de la station n’est plus à prouver : la première structure de sauvetage maritime à Saint-Pierre-et-Miquelon date de 1865. Reconnue d’utilité publique la même année par décret impérial, elle intervient dans un contexte où les naufrages sont fréquents.
En 1869, un comité de sauvetage des naufragés est fondé. Les premières missions sont réalisées à bord de canots, puis avec les doris des marins de l’archipel. Entre 1926 et 1949, un troisième canot assure la relève. Après une période d’interruption, c’est en 1965 qu’une nouvelle structure, le Groupe Actif de Sauvetage et de Premier Secours, voit le jour. Dissoute en 1970, elle est remplacée par le Comité local de sauvetage, qui fonctionne grâce à un canot pneumatique offert par la SNSM.
La structure actuelle prend forme le 1er octobre 1989, sous l’impulsion d’Antoine Dodeman, qui relance une véritable station SNSM dans l’archipel. Depuis, plusieurs bateaux se sont succédé, dont la vedette de 1re classe Patron J.M. Camenen, puis le Jaro 2, construit spécialement pour naviguer dans les eaux exigeantes de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Une chaîne solidaire à l’échelle nationale
Aujourd’hui, la SNSM compte 206 stations en France, 5 000 bénévoles et 4 000 sauveteurs-nageurs mobilisés notamment lors d’événements sur les plages. Une formidable chaîne de solidarité dont fait pleinement partie Saint-Pierre-et-Miquelon, forte de ses traditions, de son histoire… et de son inébranlable dévouement.
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