Au Zimbabwe, les conflits entre les humains et la faune sauvage se multiplient, en particulier avec les éléphants. Le pays abrite environ 10 000 pachydermes, et la sécheresse persistante pousse de plus en plus souvent ces animaux à s’aventurer hors des parcs nationaux, en quête de nourriture. Ces incursions provoquent la destruction de cultures, des dégâts matériels, et parfois même des pertes humaines.
Pour mieux prévenir ces incidents, une solution technologique innovante a été mise en place : des colliers GPS permettent désormais de suivre en temps réel les déplacements d’une partie des éléphants. Ce système de suivi a été lancé l’an dernier par l’Autorité de gestion des parcs et de la faune du Zimbabwe, en collaboration avec le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).
Les données collectées grâce aux colliers permettent de surveiller les mouvements des éléphants à l’approche de zones sensibles. Ces zones, appelées zones tampons, séparent les terres communautaires des aires protégées et sont identifiées sur des cartes numériques – sans clôtures physiques. « Les colliers nous aident à comprendre les déplacements des animaux dans ces corridors où faune et humains interagissent », explique Arnold Tshipa, responsable des opérations de terrain pour l’IFAW. « Cela nous permet de concentrer nos efforts sur les zones les plus exposées. »
Lorsqu’un troupeau s’approche d’un village près du parc national de Hwange, des alertes GPS sont automatiquement déclenchées. Capon Sibanda, un volontaire local, relaie alors l’information via des groupes WhatsApp. Il se rend aussi sur le terrain pour prévenir les habitants sans accès à Internet ou au téléphone : « Je vérifie les traces, j’identifie les animaux qui sont entrés ou sortis, et j’enregistre tout ce que je vois grâce à l’application EarthRanger », explique-t-il.
Mais pour les populations locales, la situation reste difficile. « Nous avons un vrai problème avec les éléphants. Ils utilisent nos routes, viennent boire à nos sources, et savent exactement quand nos récoltes sont mûres. Avec la sécheresse, ils mangent tout ce qui nous reste », déplore Senzeni Sibanda, conseiller municipal et agriculteur.
Pour l’instant, seuls seize éléphants – principalement des matriarches – ont été équipés de colliers. Le but est de suivre leurs déplacements pour anticiper les mouvements des troupeaux qu’ils dirigent. Mais le défi reste immense : le seul parc de Hwange abrite environ 45 000 éléphants, alors que sa capacité d’accueil est estimée à 15 000.
Malgré la pression croissante et les coûts importants, le Zimbabwe n’a pas procédé à l’abattage d’éléphants depuis près de quarante ans, en raison de la mobilisation des défenseurs de la nature. Une position que ne partagent pas tous les pays de la région.
Entre janvier et avril de cette année, 18 personnes ont perdu la vie au Zimbabwe à la suite d’attaques d’animaux sauvages – éléphants, lions ou hyènes. Face à cette menace, les autorités ont été contraintes d’abattre 158 animaux considérés comme « dangereux ».
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