Guadeloupe : le Kabana Beach démoli sur ordre du préfet, clap de fin pour un restaurant emblématique

 

C’est la fin d’un long feuilleton judiciaire : le Kabana Beach n’existe plus. Ce lundi 16 juin 2025, aux premières lueurs du jour, les autorités ont procédé à la démolition de l’établissement situé sur la plage du Souffleur, à Port-Louis, en Guadeloupe. Un acte qui met un terme à plus de trois années de contentieux entre son gérant, Nicolas Sémar, et la municipalité.

Une opération d’envergure sécurisée par la gendarmerie

Dès 6h du matin, 186 gendarmes, déployés « sur réquisition du préfet », ont investi la plage. L’opération, dirigée par le général Christophe Perret, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe, a mobilisé d’importants moyens logistiques : hélicoptère, embarcations nautiques, et deux véhicules blindés. Objectif : sécuriser le périmètre avant la démolition du restaurant Kabana Beach, très fréquenté depuis son ouverture.

Deux décisions de justice exécutées

Présent sur place, Xavier Lefort, préfet de la Région Guadeloupe, a indiqué que l’intervention faisait suite à l’exécution de deux décisions de justice :

  • L’une du tribunal administratif, pour occupation illégale du domaine public ;

  • L’autre du tribunal correctionnel, pour construction sans permis, dans une zone classée.

Les juridictions ont toutes deux reconnu que les travaux avaient été réalisés sans autorisation d’urbanisme, en violation des règles applicables dans un espace protégé.

« Il s’agissait d’une atteinte considérable au patrimoine environnemental de la Guadeloupe, mais aussi à la tranquillité des riverains et usagers de la plage », a précisé le préfet, soulignant l’importance de faire respecter les règles d’urbanisme.

Une décision regrettée par la mairie, contestée sur le terrain

Du côté de la mairie de Port-Louis, le ton est à la résignation.
Alain Moustache Mayeko, adjoint au maire, déclare :

« On prend acte. Tout a été tenté pour éviter d’en arriver là. »

Mais sur place, la tension était palpable. Des soutiens du Kabana Beach se sont opposés à l’intervention des forces de l’ordre.
Hubert Quiaba, porte-parole du Comité de défense mobile, dénonce une décision « illégale » :

« Le tribunal correctionnel n’a pas donné pouvoir au préfet de démolir. »

Trois interpellations, dont le gérant

L’opération s’est soldée par trois interpellations, dont celle du gérant Nicolas Sémar, placé en garde à vue pour rébellion et violence contre personne dépositaire de l’autorité publique.

Le Kabana Beach, emblème de convivialité pour certains, construction illégale pour d’autres, a été définitivement rayé du paysage ce lundi. Un dossier emblématique des tensions récurrentes entre liberté d’entreprendre, protection de l’environnement et respect du droit dans les territoires ultramarins.

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