Jamaïque : Tamero, restaurateur inébranlable face aux tempêtes de Long Bay

Malgré les ouragans, les vagues destructrices et les reconstructions répétées, Tamero, restaurateur et pêcheur de Long Bay, à Portland, n’envisage pas une seconde de quitter sa terre natale. Ancré dans sa communauté autant que dans le sable de la plage, il incarne la résilience face à une nature parfois impitoyable.

Installé depuis plus de 20 ans sur cette bande côtière régulièrement frappée par des phénomènes climatiques extrêmes, Tamero a vu son petit restaurant de fruits de mer, Cool Vibz, balayé à plusieurs reprises. Et pourtant, il reconstruit. Inlassablement.

« Ma mère m’a mis au monde à Portland, mon père vient de Spanish Town, mais c’est ici que je me sens vivant », confie-t-il. « L’ambiance est bonne, les gens sont accueillants, c’est paisible. Yah suh me a stay. »

Entre mer et mémoire

Né et grandi à Long Bay, Tamero a passé sa jeunesse entre les vagues et le sable. Devenu pêcheur, il a naturellement ouvert son restaurant au bord de la plage, où il cuisine ses prises du jour pour les locaux et les touristes. Sa boutique est autant un lieu de vie qu’un symbole d'attachement.

Mais ce lien avec la mer a un prix. Son établissement a été ravagé à plusieurs reprises par des tempêtes et des ouragans. Le dernier en date, l’ouragan Beryl en juillet dernier, a littéralement emporté la version précédente de Cool Vibz. « Les vagues atteignaient mon plan de travail », se souvient-il. « Mais je ne me suis pas découragé. »



Une reconstruction sur de nouvelles bases

Avec l’aide de sa famille et de ses amis vivant à l’étranger, Tamero a reconstruit. Cette fois, il a renforcé les fondations. « Avant, tout était dans le sable. Maintenant, j’ai fait couler une dalle en béton. »
Seule la terrasse reste à ciel ouvert. Un choix délibéré. « Si je la couvre, elle ne tiendra pas jusqu’en juillet. Alors je ne vais pas gaspiller mon argent. »

En regardant les maisons alentour, souvent abandonnées à cause des dégâts des vagues, il sait qu’il doit rester pragmatique. « Quand tu vois que les autres ne réparent même plus, tu comprends que tu dois rester léger. »

Une saison cyclonique redoutée, mais peu anticipée

Le début de la saison des ouragans 2025 a été annoncé il y a tout juste huit jours, avec des prévisions inquiétantes : trois à cinq ouragans majeurs sont attendus, selon le Service météorologique jamaïcain. Certains pourraient atteindre des catégories 3 à 5, prévient son directeur Evan Thompson. Des experts internationaux évoquent même une saison particulièrement active.

Tamero, lui, reste sceptique :
« Chaque année, on nous dit que l’ouragan arrive. Parfois, rien ne se passe. Alors, on croise les doigts. »

Aucune mesure de préparation n’a encore été prise pour son restaurant. Seule sa maison, où il dort, bénéficiera de quelques ajustements. « C’est un éternel recommencement. À chaque fois, on s’en remet. »

Envers et contre tout, Tamero reste fidèle à Long Bay. Son combat est celui d’un homme pour qui la mer n’est pas seulement un horizon, mais un foyer, une mémoire, un mode de vie. Peu importe les destructions, il reconstruira encore.

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