Kanaky : Frédérique Muliava autorisée à rentrer sur le territoire

 

Après près d’un an passé en métropole sous le coup d’un contrôle judiciaire, la militante indépendantiste Frédérique Muliava est désormais autorisée à regagner la Nouvelle-Calédonie. L’annonce a été faite ce vendredi 30 mai 2025 par la juge d’instruction en charge du dossier.

Frédérique Muliava fait partie des sept membres du collectif CCAT transférés en métropole en 2024, dans le cadre d’une enquête sur leur participation présumée aux violences ayant secoué le territoire. D’abord incarcérée dans un centre pénitentiaire près de Clermont-Ferrand, elle avait ensuite été libérée puis placée sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter l’Hexagone.

Selon son avocate, Maître Christelle Affoué, les obligations judiciaires ont été progressivement allégées. « Nous sommes aujourd’hui sur un contrôle judiciaire minimal : pas d’obligation de pointage, simplement l’interdiction de participer à des manifestations et de contacter les autres mis en examen. Elle devra seulement répondre aux convocations du juge », précise-t-elle.

"Un dispositif disproportionné"

Depuis son transfert forcé, ses avocats ont multiplié les recours pour obtenir un assouplissement des conditions de sa liberté, estimant la mesure initiale « disproportionnée ».
« On est passé de la détention provisoire à l’assignation à résidence, puis à un contrôle judiciaire de plus en plus léger », rappelle Maître Affoué. « Cette évolution montre qu’on entre enfin dans une phase où la recherche de la vérité prime. »

Un tournant avec le dépaysement judiciaire

Un autre élément clé dans le dossier : le dépaysement de l’instruction, désormais menée depuis Paris. Une décision qui, selon la défense, a permis de rétablir une certaine équité dans le traitement de l’affaire.
« Cela a redonné tout son sens au principe de présomption d’innocence, parfois difficile à faire valoir localement », estime l’avocate. « C’est aussi, selon moi, une forme de désaveu à l’égard des magistrats calédoniens, jugés dans l’incapacité d’instruire ce dossier dans un climat serein et impartial. »

Un retour entravé par des obstacles matériels

Si Frédérique Muliava est désormais libre de ses déplacements, elle doit néanmoins financer elle-même son billet retour en Nouvelle-Calédonie — une dépense qu’elle juge d’autant plus injuste que c’est l’État qui avait organisé son transfert à 16 000 kilomètres de chez elle.
« Elle se retrouve sans couverture sociale, sans soutien matériel, alors que ce déplacement a été imposé. Et si un problème de santé survient, qui prend en charge ? », interroge Maître Affoué, dénonçant une atteinte aux droits annexes fondamentaux.

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