Climat : la Cour internationale de justice rendra son premier avis juridique le 23 juillet

 

La Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, rendra le 23 juillet 2025 un avis historique sur les obligations des États en matière de lutte contre le changement climatique. Ce sera la première fois que la CIJ se prononcera officiellement sur le rôle du droit international face à la crise climatique mondiale.

Une décision attendue par la planète entière

Saisie en 2023 à l’initiative du Vanuatu, petit État insulaire du Pacifique particulièrement exposé aux effets du réchauffement, l’Assemblée générale de l’ONU avait demandé à la CIJ de se prononcer sur deux questions clés :

  1. Quelles sont les obligations juridiques des États pour prévenir les effets du changement climatique ?

  2. Quelles sont les conséquences juridiques si ces obligations sont ignorées, en particulier pour les États les plus vulnérables ?

Le président de la Cour, le juge Iwasawa Yuji, rendra public cet avis lors d’une séance officielle à La Haye. Bien que consultatif, cet avis pourrait façonner l’avenir du droit climatique international.

Une attente mondiale, entre espoir et scepticisme

De nombreux défenseurs de l’environnement espèrent que cet avis unifiera les normes juridiques internationales, renforcera les législations nationales et influencera les décisions de justice à travers le monde. Mais certains observateurs soulignent que, n’étant pas contraignant, il pourra être ignoré par les grandes puissances polluantes.

Les débats, qui ont eu lieu en décembre dernier, ont rassemblé plus de 100 interventions d’États, un record pour la CIJ. Des pays comme les États-Unis et l’Inde ont plaidé pour le respect du cadre juridique existant, en particulier celui de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

« La Cour ne devrait pas créer de nouvelles obligations au-delà de celles déjà reconnues », a soutenu Luther Rangreji, représentant indien.
« La CCNUCC est le socle actuel du droit climatique international », a insisté Margaret Taylor, au nom des États-Unis.

Les pays vulnérables réclament justice

Face à eux, les petits États insulaires, en première ligne face à la montée des eaux et aux événements climatiques extrêmes, ont dénoncé l’inefficacité du cadre actuel et exigé une clarification juridique.

« Les États pollueurs doivent être tenus pour responsables. La Cour ne peut pas permettre que nos terres deviennent des tombes aquatiques », a lancé John Silk, représentant des Îles Marshall.

« C’est une crise de survie, mais aussi une crise d’équité. Nos peuples paient le prix d’une crise qu’ils n’ont pas causée », a martelé Luke Daunivalu, représentant les îles Fidji.

Ces États demandent à la CIJ de reconnaître le principe de responsabilité des États pollueurs vis-à-vis des populations les plus exposées, notamment en ce qui concerne l’adaptation, la réparation et la justice climatique.

Une requête portée par l’unanimité

Pour la première fois, une demande d’avis consultatif soumise par l’Assemblée générale des Nations unies a fait l’unanimité : aucun pays ne s’y est opposé.

« Il s’agit peut-être de l’affaire la plus importante de l’histoire de l’humanité. L’issue aura des répercussions sur plusieurs générations », a déclaré Ralph Regenvanu, représentant du Vanuatu.

Alors que l’avis de la CIJ est attendu le 23 juillet, le monde retient son souffle. Car, au-delà des principes, c’est la capacité du droit international à répondre à l’urgence climatique qui est mise à l’épreuve.

Commentaires