Patricia Miralles en Martinique : une visite sous le signe de la mémoire et des revendications des anciens combattants

Après un passage en Guadeloupe, la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, Patricia Miralles, a achevé ce dimanche 29 juin une visite de deux jours en Martinique. Un déplacement placé sous le signe de l’hommage, mais aussi de l’écoute des revendications portées par les anciens combattants antillais.

Hommage aux dissidents du camp de Balata

Lors de la matinée du dimanche, la ministre a présidé la cérémonie de commémoration du 82e anniversaire de la révolte du camp militaire de Balata, à Fort-de-France. Cet épisode emblématique de la Seconde Guerre mondiale est considéré comme un tournant dans l’histoire des Antilles françaises. Il marqua la fin de l’autorité du régime de Vichy dans la région et scella le ralliement des territoires à la France libre.

Ce soulèvement eut lieu dans le contexte de l’administration de l’amiral Georges Robert, haut-commissaire des Antilles aux ordres du maréchal Pétain. C’est dans cette période trouble que naît le terme de « dissidence » pour désigner les soldats antillais ayant fait le choix de la résistance.

La mémoire, mais aussi les revendications

Aux côtés de la ministre, plusieurs anciens dissidents martiniquais ont profité de l’occasion pour exprimer leur sentiment d’abandon par l’État. En cause : le montant très faible de leur pension, estimée à environ 400 euros tous les six mois, sans droit à réversion pour les veuves.

« C’est peu, 400 euros tous les six mois à peu près, et non imposable heureusement, mais pas de réversion. Mon épouse ne pourra pas la toucher », regrette l’un d’eux.

« Nous ne sommes pas suffisamment reconnus. Les politiques nous laissent de côté. Même pour une aide pour remplacer un drapeau usé, il faut se battre », confie un autre ancien combattant.

Une écoute attentive et des promesses

Patricia Miralles, visiblement touchée par ces témoignages, a assuré les anciens militaires de sa volonté de faire évoluer la situation :

« Il est temps de dire les choses pour l’avenir. Se figer dans le passé ne fait pas avancer. Je crois qu’on peut encore réparer les injustices, et je porte cet espoir. »

Elle a également évoqué l’implication du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, sur ces questions, en appelant à une meilleure reconnaissance nationale et locale des sacrifices consentis.

Rencontre avec la CTM et les représentants locaux

Dès son arrivée la veille, samedi 28 juin, en provenance de la Guadeloupe, la ministre avait rencontré une délégation d’anciens soldats à la résidence préfectorale, après un échange avec des élus de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) à l’hôtel de l’Assemblée à Fort-de-France.

Parmi les voix qui se sont élevées, celle de la conseillère territoriale Josette Manin, qui a interpellé la ministre sur le manque de reconnaissance des dissidents dans la mémoire collective locale :

« L’État n’a pas reconnu nos pères, nos grands-pères qui se sont battus pour la France. Mais ici, en Martinique, nous n’avons pas non plus cette conscience. Il est temps que notre jeunesse s’imprègne de l’histoire de leurs aïeux. »

Clôture au RSMA

La visite s’est achevée ce dimanche par un déplacement au RSMA (Régiment du Service Militaire Adapté de Martinique), symbole d’un engagement tourné vers l’avenir, en particulier pour les jeunes Antillais.

Commentaires