Starship désintégrée au moment de rentrer dans l'atmosphère

Les deux premiers essais s'étaient conclus par de spectaculaires explosions dans des « échecs réussis ». Le troisième a tenu beaucoup plus longtemps que les précédents mais n'est pas non plus parvenu à son terme. L'immense fusée Starship de SpaceX, la plus haute et la plus puissante du monde, a de nouveau décollé ce jeudi de Boca Chica, dans l'extrême sud du Texas, à 14h25 heure française. La phase de décollage puis le vol pouvaient d'ailleurs être observés en direct.
Sauf que ce vol d'essai a été « perdu » lors de sa rentrée dans l'atmosphère alors qu'il redescendait vers la Terre, a déclaré l'entreprise jeudi, au terme du troisième vol test de sa mégafusée, qui a toutefois volé bien plus longtemps que lors des ses deux précédents tests.
« Le vaisseau a été perdu », a annoncé un commentateur lors du direct vidéo de l'entreprise du milliardaire Elon Musk. « Donc pas d’amerrissage aujourd'hui », a-t-il ajouté. Le vaisseau devait, selon le plan de vol, terminer sa course dans l'océan Indien.
Pour ce troisième essai, dont le but ultime est de pouvoir rêver à la colonisation de la planète Mars, SpaceX disait vouloir accomplir plusieurs « objectifs ambitieux ». Parmi eux: effectuer « une rentrée contrôlée » du vaisseau, qui aurait dû retomber dans l'océan Indien pour clore le test, au bout d'environ une heure.
Selon des documents de la FAA, le vaisseau devait « se désintégrer » au moment de l'impact avec la surface de la mer, et la plupart des débris couler. Le premier étage devait aussi plonger (bien plus tôt) dans l'océan après sa séparation.
SpaceX entendait également tester l'ouverture de la trappe qui pourra servir à l'avenir à libérer dans l'espace des cargaisons, par exemple des satellites. La société voulait aussi réaliser la « démonstration d'un transfert de carburant » en vol. Mettre au point cette fonction est essentiel, car pour atteindre la Lune, Starship devra se ravitailler en carburant une fois dans l'espace, grâce à un vaisseau préalablement rempli par d'autres, et servant de sorte de station-service spatiale.
Pour ces tests, les prototypes utilisés ne transportent aucune cargaison. Et SpaceX a d'ores et déjà fabriqué de nombreux exemplaires de sa fusée. La méthode de développement de SpaceX est différente de celle des entreprises traditionnelles et des agences spatiales nationales. Contrairement à ces dernières fonctionnant avec l'argent du contribuable, SpaceX utilise ses fonds propres, lui permettant de prendre davantage de risques. 
L'entreprise revendique en outre une technique de développement par itération, reposant sur des tests successifs enchaînés à une cadence rapide - quitte à ce qu'ils se terminent dans d'impressionnantes boules de feu. Les leçons tirées permettent alors de procéder rapidement à des modifications. A chaque test, « on apprend quelque chose de nouveau », avait déclaré en janvier Elon Musk dans un discours face à des employés. « C'est toujours mieux de sacrifier du matériel que de sacrifier du temps. »
Le développement des fusées Falcon de SpaceX, qui avec 96 missions réussies en 2023 dominent aujourd'hui le marché des lancements américains, s'est aussi appuyé sur de multiples tests ratés. Outre sa taille démesurée, la véritable innovation de Starship est qu'elle doit à terme être entièrement réutilisable. Actuellement, seul le premier étage de la fusée Falcon 9 revient se poser après chaque lancement pour être réutilisé.
Pouvoir faire voler de multiples fois les deux étages de Starship permettra des lancements encore plus fréquents, et pour moins cher - un impératif pour pouvoir « coloniser » Mars, selon Elon Musk. Le patron, aux annonces toujours optimistes en termes de calendrier, a dit cette semaine espérer que Starship effectue « six vols de plus cette année ».

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