De Tyrone Downie à Ibis DownYard

C’est un des activistes majeurs du reggae qui voit aujourd’hui son parcours prendre une dimension qu’il n’imaginait pas lui-même. Depuis son point de départ, avec Kreyol Syndikat en 1988, qui est au passage le premier groupe de reggae français à être signé chez Tuff Gong le légendaire label de Bob Marley;  à force de travail, de projets, de scènes, d’albums, de collaborations, il a su s’imposer et être reconnu comme le digne successeur du légendaire claviériste Tyrone Downie. 

Une trajectoire unique jalonnée de rencontres singulières qui ont forgé cette carrière qu’il a su consolider de son éternelle enthousiasme pour le reggae, de sa bonne humeur, de sa sérénité, et de son intégrité. Ibis, c’est la force tranquille, ce roc expérimenté sur lequel beaucoup ont aimé se reposer pour avancer.  Tous ceux qu’il a accompagnés sont unanimes : "Ibis ? Big man !" 

Hors musique, les compliments qui reviennent le plus souvent sont l’humilité et la droiture. Pas étonnant que sa présence soit tant recherchée, l’homme exprime un incontestable bon sens via un franc parlé qui ne laisse pas de place au doute, avec lui vous savez où vous en êtes, il n’y va pas par quatre chemins, ce qui doit être dit sort sans détours, et cette franchise naturelle a une similitude avec son domaine de prédilection : la précision et l’exactitude des notes qu’il délivre. 

Egalement révélateur de talents avec son label DownYard Production, Ibis a tout vu derrière ses 88 touches, accompagnant et enveloppant de nombreux artistes de ses nappes pour les aider à grandir avec son backing band, le Soljah Band.

Peu peuvent se réclamer d’avoir vécu autant au coeur du reggae : Ragga Dub Force depuis 1990, tournée aux USA, Festival "Reggae On The River" aux U.S.A, Festival « Reggae Sumfest" en Jamaique, clavier de Tonton David, signature chez Tuff Gong, premières parties des plus grands comme Shaggy, Culture, Bunny Wailer, Burning Spear, Beenie Man, … et aujourd’hui, clavier lors d’un incroyable hommage à Tyrone Downie organisé par Diaspora Rockers en présence de toute la famille Downie, puis clavier aux côtés de Steel Pulse ! 

"C'est bon, je peux arrêter ma carrière ici !", lâche-t-il dans un de ses éclats de rire si communicatifs. 

Mais Ibis ne compte pas s'arrêter là. Cet "adoubement" opéré par Timour Cardenas, il le reçoit comme un honneur plutôt que comme une fin en soi. Honoré d'être reconnu par ses pairs musiciens avec qui il partage la scène depuis tant d'années. Honoré d'être reconnu pour sa valeur en tant que musicien car il sait qu'il part de loin, il s'en souvient. Et au regard de toutes ces années parcourues, il n'oublie pas tous ceux qui lui ont fait confiance, qui lui ont donné une chance, une opportunité, la possibilité de se forger une expérience. Pierre après pierre. Il dit encore espérer que cette étape ne soit que le début d'une nouvelle ère...

 

Incontestable militant du reggae, Ibis n'est pas de ceux qui revendiquent bruyamment, mais de ceux qui agissent silencieusement, en activiste avisé. On retrouve toujours l'artiste au sein des projets qui font avancer le reggae, et c'est humblement qu'il y rayonne en apportant toute son expérience, sa patte. Cette humilité et ce talent le portent aujourd'hui à se retrouver au firmament, parmi les plus grands. À sa place.