L'ONU avertit sur l’augmentation des risques de violences sexuelles pour les femmes déplacées en Haïti

Des milliers de femmes et de filles déplacées par la violence des gangs en Haïti sont menacées par une recrudescence des agressions sexuelles, a averti mardi l'Organisation des Nations unies (ONU), dénonçant des conditions de vie déplorables dans des camps de fortune.

« Le risque de violence sexuelle pour les femmes et les filles dans les sites de déplacement à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, augmente rapidement en raison, en partie, des conditions de vie alarmantes auxquelles elles sont confrontées », a déclaré dans un communiqué l'agence mondiale de santé sexuelle et reproductive, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA).


Les femmes et les filles sont souvent « confrontées à une spirale de violences sexuelles mais n’ont nulle part où aller », ajoute-t-il.

Parmi les 185 000 personnes contraintes de fuir leurs foyers dans la ville, beaucoup vivent dans des camps de fortune visités par des responsables de l'ONU.


Dans les 14 sites de déplacement étudiés par l’UNFPA, plus de la moitié des latrines et de nombreuses douches ne sont pas séparées par sexe, plusieurs portes de douche n’ont pas de serrure et de nombreux sites n’ont pas d’éclairage nocturne.

« En conséquence, de nombreuses femmes et filles risquent d’être victimes de violences sexuelles chaque fois qu’elles utilisent une douche ou des toilettes », a déclaré l’UNFPA.


« Avec ce que j'ai vécu, j'aurais préféré mourir », a déclaré une mère de sept enfants qui vivait dans un refuge de Port-au-Prince et a été agressée sexuellement alors qu'elle dormait sur une place publique, selon l'agence.

« Quand ils ont vu que je n'étais pas accompagnée d'un homme, ils m'ont agressée alors que j'étais enceinte de quatre mois », a-t-elle ajouté. « J'ai toujours peur pour ma fille, qui a 11 ans. »


Ces agressions sont en augmentation dans tout le pays.

Entre mars et mai de cette année, le nombre de cas de violence sexuelle et sexiste signalés par l’UNFPA et ses partenaires a augmenté de plus de 40 %, avec seulement une petite fraction du total des cas signalés.

Selon les chiffres de l’ONU, ces cas de violence sont passés de 250 en janvier et février à plus de 1 500 en mars et à plus de 2 000 en avril et mai.


Au total, de janvier à mai 2024, quelque 3 949 cas de violences basées sur le genre, principalement des viols, ont été signalés. Environ 61 % des victimes étaient des personnes déplacées.

Dans ce contexte d’insécurité et d’abus, l’UNFPA a lancé un appel de fonds de 28 millions de dollars américains « pour renforcer et élargir l’accès aux services et au soutien en matière de santé reproductive et de violence basée sur le genre en Haïti en 2024 ».


À ce jour, seulement 19 % des fonds ont été mobilisés.

Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, est depuis longtemps secoué par des crises politiques, humanitaires et sécuritaires, notamment par la violence des gangs.

Mais la situation s'est fortement détériorée en février lorsque des gangs ont lancé des attaques coordonnées à Port-au-Prince, forçant le départ du Premier ministre controversé Ariel Henry.

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