La Réunion : le plan du Préfet contre les "violences de bandes"

Patrice Latron a présenté les premières mesures de lutte contre la multiplication des agressions et des bagarres entre bandes de jeunes qui se multiplient ces derniers temps. Cette esquisse de stratégie a été élaborée suite à plusieurs réunions de travail déjà entamées avec des associations de citoyens reçues en préfecture.

Une table ronde sera organisée le mercredi 5 février prochain en présence des représentants de l'État, des maires des villes de Saint-Denis, Saint-Louis, Saint-André, Saint-Benoît et Le Port, mais aussi des forces de l'ordre et des magistrats. Le recteur de l'Académie et le directeur de l'Agence régionale de Santé seront aussi présents.

Le directeur général de la CAF de La Réunion participera aussi à cette discussion. Le préfet indique que ce dernier aura un rôle important dans le dispositif qu'il va mettre en place.

"On va poser les bases de ce travail pour mettre fin à ce phénomène de bandes", assure le plus haut représentant de l'État avant d'annoncer, "On va mettre en place une cellule départementale anti-bandes."

Le Préfet revient sur les lettres qu'il va adresser aux familles des mineurs identifiés comme auteurs de violences, qu'ils soient condamnés ou non. Il explique que ces missives auront un rôle important.

"Lorsque j'écrirai aux parents, on organisera un contrôle à 360 degrés de toutes les prestations auxquelles les familles ont droit. Cela nous permettra d'obtenir que les parents assument leurs responsabilités face à leurs enfants. Cela nous permettra peut-être de déceler que les parents ne sont pas là, qu'il y a des fraudes aux allocations familiales et que les parents sont ailleurs."

Le préfet va plus loin : "Quand j'écrirai aux parents, il y aura des contrôles administratifs sur les parents. S'ils sont étrangers, ils seront convoqués à la préfecture et on réexaminera leur droit au séjour." Il justifie cette décision : "Il n'y a pas de raison d'accueillir une famille dont les gamins font du trafic de stupéfiants, agressent les forces de l'ordre ou les gens dans la rue."

Au-delà de ces contrôles, le préfet souhaite rappeler aux maires qu'ils ont la possibilité de signaler tous les cas suspects de fraude aux aides. "La CAF orientera alors les contrôles afin que, dans le cas échéant, les allocations soient supprimées", assure Patrice Latron.

Chasse et expulsion des "fauteurs de troubles"

Autre mesure à laquelle le préfet de La Réunion réfléchit, l'expulsion des "fauteurs de troubles" des logements sociaux, notamment pour des faits de trafic de drogues, sous réserve qu'ils soient condamnés. Le préfet souhaite que la disposition qui existe déjà soit appliquée à chaque fois que possible.

L'expulsion du territoire est aussi envisagée pour les mineurs étrangers : "S'ils utilisent de faux titres, toutes les voies seront explorées pour renvoyer les fauteurs de troubles ainsi que leurs représentants légaux", annonce Patrice Latron.

Les autres mesures du plan d'action du Préfet

La vidéoprotection sera "une des priorités de financement de l'Etat". Les cinq communes identifiées par la préfecture seront prioritaires. Un pacte sera proposé à toutes les mairies. Des conseils des droits et des devoirs des familles pourront être rassemblés pour convoquer les familles dont les enfants "ne se tiennent pas bien".

Le Préfet veut aussi s'attaquer aux "PACS de complaisance". "En provenance de Mayotte, il y a des étrangers qui souscrivent des PACS avec des Français moyennant finances et qui arrivent à entrer à La Réunion. Et ces personnes viennent demander des titres de séjour à la préfecture", relate-t-il avant d'annoncer, "J'ai demandé à mes services d'être extrêmement regardants, de refuser les titres et de saisir le procureur de la République."

Le plus haut représentant de l'Etat à La Réunion souhaite aussi faire la guerre contre les marchands de sommeil. "Dans le quartier du Moufia, 120 logements sont inoccupés. C'est inacceptable alors que des milliers de Réunionnais cherchent un logement. Les logements sont squattés ou pas réhabilités", insiste Patrice Latron qui affirme, "On va mettre dehors les squatteurs parce que ces appartements sont les sources de troubles."

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