Nauru vend sa nationalité pour survivre

L’île-État de Nauru, située en Micronésie dans l’océan Pacifique, a décidé de monnayer sa nationalité pour financer le déplacement de sa population menacée par la montée des eaux. En échange de 105 000 dollars (environ 100 000 euros), les étrangers peuvent désormais obtenir un passeport nauruan, offrant un accès sans visa à près de 90 pays, dont le Royaume-Uni, l’Irlande et les Émirats arabes unis. 


Cette initiative vise à financer le déménagement des habitants des zones côtières vers l’intérieur des terres. Nauru, autrefois prospère grâce à l’exploitation du phosphate, voit aujourd’hui 80 % de son territoire rendu inhabitable en raison de l’épuisement des mines et de la dégradation environnementale. Les zones restantes sont menacées par la montée du niveau de la mer, conséquence du changement climatique. 


Le président de Nauru, David Adeang, souligne que cette démarche vise à “garantir un avenir durable et prospère pour les générations à venir”. La première phase du projet de relocalisation est estimée à plus de 60 millions de dollars. Le gouvernement espère récolter 5,7 millions de dollars dès la première année grâce à ce programme, avec un objectif de 43 millions de dollars annuels par la suite, représentant 20 % des recettes totales du pays. 


Cependant, la vente de “passeports dorés” suscite des préoccupations. Des programmes similaires ont été critiqués pour leur potentiel à faciliter des activités criminelles, telles que le blanchiment d’argent ou l’évasion fiscale. En 2003, une initiative comparable à Nauru avait conduit à l’octroi de passeports à des membres d’Al-Qaïda, ultérieurement arrêtés en Asie. Edward Clark, responsable du programme actuel, assure que des contrôles rigoureux sont désormais en place pour éviter de tels abus. 


Cette stratégie reflète les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires face au changement climatique et à la recherche de solutions innovantes pour assurer leur survie et leur développement.

Commentaires