Ce qui n’était autrefois qu’une atteinte grave à l’environnement s’est mué en une véritable crise de sécurité nationale. Au Ghana, plus de 10 000 personnes ont été évacuées de manière forcée de la réserve forestière de Subri, dans la région occidentale du pays. Une opération coup de poing qui révèle les failles criantes du système de conservation ghanéen et met en lumière les menaces croissantes pesant sur la sécurité intérieure.
"Sans l’intervention de l’armée, nous n’aurions jamais pu mener cette mission à bien", affirme Kwabena Poku Bosopem, gestionnaire forestier. "Ces groupes armés et leurs hommes massifs n’auraient jamais cédé face à nous. Le soutien militaire à la protection des forêts doit être restauré, il a été supprimé en août 2022."
Subri, autrefois un écrin de verdure reliant Takoradi, Tarkwa et Wassa, est devenue l’un des foyers les plus complexes et dangereux d’occupations illégales au Ghana. Des vidéos et témoignages montrent des familles installées depuis longtemps, avec meubles, électroménager et matériaux de construction, transformant la réserve en véritable quartier informel.
Mais cette occupation n’est pas anarchique : elle est contrôlée par un gang redouté, connu sous le nom des Budos. Ces hommes lourdement armés, équipés d’AK-47, de fusils à pompe et d'autres armes automatiques, font régner leur loi. Toute personne entrant sur le territoire doit s’acquitter d’un droit de passage. Leur présence illustre à quel point l'État a perdu le contrôle sur ce pan de son territoire.
Pour les défenseurs de l’environnement et les activistes de la société civile, l’alerte est lancée depuis longtemps. La situation de Subri pourrait bien n’être que la première fissure d’un édifice plus large :
"Si rien n’est fait, nous risquons non seulement de perdre nos forêts, mais aussi la stabilité de notre nation", préviennent-ils.
Ce scandale pose une question cruciale : le Ghana peut-il encore protéger ses ressources naturelles face à l’alliance toxique entre pauvreté, exploitation illégale et violence armée ? Il est temps, selon de nombreux observateurs, que l’État reprenne fermement la main, avant que d’autres réserves ne tombent à leur tour.

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