Saint-Martin : l'île renoue avec le "Mas Maten", tradition carnavalesque oubliée

Dimanche matin à 10h, un événement inédit a marqué les rues de Saint-Martin : le tout premier Mas Maten, ou "carnaval du matin", organisé par le groupe culturel Swali Ka. Depuis le parking de Galisbay, les participants, parés de pagnes, coiffes en wax et le corps enduit de « gwo siwo » — un mélange épais d’huile, de farine et de mélasse — ont entamé un déboulé haut en couleur.

Une première sur le territoire

Bien que très populaire en Guadeloupe, où il marque le début des jours gras et la fin des six semaines de carnaval, le Mas Maten était jusqu’ici absent à Saint-Martin. Grâce à l'initiative de Swali Ka, cette tradition a été réintroduite, suscitant un bel engouement auprès de la population locale.

Une tradition ancestrale

Le terme Mas Maten, qui signifie littéralement "masque du matin" en créole, désigne un défilé carnavalesque matinal, souvent rythmé par les tambours, les chants et une grande liberté d'expression corporelle. Cette célébration populaire puise ses origines dans les coutumes des Antilles françaises et s’inscrit dans une dynamique de mémoire et de transmission culturelle.

Le symbolisme du "gwo siwo"

Le gwo siwo n’est pas qu’un déguisement original : il est profondément symbolique. Il fait écho à une période sombre de l’histoire antillaise. À l’époque de l’esclavage, certains esclaves en fuite recouvraient leur corps de charbon broyé et de sirop de canne pour mieux se fondre dans la nature et échapper à leurs poursuivants. Ce geste est aujourd’hui repris de manière festive, mais il reste chargé de mémoire et d’émotion.

Un retour aux sources

Avec cette première édition du Mas Maten, Saint-Martin renoue avec une tradition longtemps perdue, tout en rappelant l’importance de la culture, de la résistance et de l’identité dans les célébrations carnavalesques. Une manière forte et vivante de transmettre l’histoire à travers la fête.

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