Des drones et de l’IA pour lutter contre le paludisme : quand la technologie s’attaque à un fléau africain

 

Avec près de 600 000 morts par an, principalement chez les enfants de moins de cinq ans, le paludisme demeure l’un des principaux obstacles au développement de l’Afrique. Il coûte également cher : jusqu’à 16 milliards de dollars de PIB perdus chaque année, selon le Forum économique mondial. La maladie n’est donc pas seulement une urgence sanitaire, mais aussi un enjeu économique majeur pour l’avenir du continent.

Dans cette lutte de longue haleine, la technologie pourrait changer la donne. La startup japonaise SORA Technology déploie actuellement une solution inédite dans plusieurs pays africains : des drones dopés à l’intelligence artificielle, capables de localiser précisément les zones de ponte des moustiques pour y disperser des larvicides de manière ciblée. Une approche fine, à rebours des traitements massifs, coûteux et souvent inefficaces.

« Notre solution repose sur la combinaison de l’IA et des drones pour identifier les zones à risque, puis y appliquer les produits nécessaires en fonction des données collectées », explique Yosuke Kaneko, fondateur de SORA Technology.

Déjà testée au Ghana, cette méthode a produit des résultats prometteurs :

  • 70 % de réduction de l’utilisation d’insecticides,

  • 40 % d’économie sur les coûts de prévention,

  • et une baisse de 50 % des dépenses de main-d’œuvre.

Ces performances ont convaincu les investisseurs : en mai 2025, SORA a levé 4,8 millions de dollars, principalement au Japon, pour étendre sa présence à six nouveaux pays africains. L’entreprise prévoit également d’accompagner les ministères de la Santé dans l’intégration locale de la technologie.

« Cette fois, les financements viennent surtout du privé, et c’est une opportunité. La santé n’est pas un coût, c’est un investissement. L’Afrique a les moyens de développer des solutions innovantes dont les données auront une grande valeur mondiale », souligne Kaneko.

Un autre avantage décisif de la méthode : la réduction du risque de résistance aux insecticides, un problème de plus en plus critique pour les approches traditionnelles.

« Moins de produits, c’est une efficacité prolongée et des coûts globaux allégés. Sur le plan économique, notre solution est jugée très rentable. »

Dans un contexte marqué par la montée des résistances médicamenteuses et la rareté des financements publics, SORA montre qu’une alliance entre technologie, santé publique et développement économique est non seulement possible, mais indispensable pour relever l’un des défis les plus pressants du continent africain.

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