Pour la première fois, le groupe Bernard Hayot publie ses résultats

Le groupe Bernard Hayot présent aux Antilles, en Guyane, à La Réunion et en Nouvelle-Calédonie va faire son entrée sur le marché mahorais avec l'une de ses enseignes phares, Carrefour.

Accusé depuis des années de contribuer à la vie chère dans les territoires d’Outre-mer, le groupe Bernard Hayot (GBH) a rendu publics ses comptes pour la première fois. En 2024, le géant de la grande distribution a enregistré un bénéfice net de 202 millions d’euros, en baisse de près de 11 % par rapport à 2023, selon les documents consultés mercredi par l’AFP. Son chiffre d’affaires annuel, lui, progresse légèrement, à plus de 5 milliards d’euros (+1 %).

Une première publication volontaire

C’est une démarche inédite pour le groupe GBH, longtemps critiqué pour son opacité financière. Pour la première fois, l’entreprise a volontairement déposé ses comptes au greffe du tribunal de commerce de Fort-de-France (Martinique). Jusque-là, ses détracteurs l’accusaient de dissimuler ses bénéfices et de profiter d’une position dominante, notamment aux Antilles.

Stéphane Hayot, directeur général du groupe, a justifié cette publication dans les colonnes de France-Guyane comme une initiative de transparence, conforme "aux engagements" pris par l’entreprise. GBH avait été assigné en justice en 2024 et contraint de publier ses comptes. Depuis, le groupe s’est engagé à rendre ses résultats publics chaque année.

Une entreprise au cœur des critiques sur la vie chère

Leader incontesté de la distribution en Martinique et en Guadeloupe, GBH est régulièrement accusé de pratiquer des marges excessives, dans un contexte de concurrence très limitée. En Martinique, les produits alimentaires coûtent en moyenne 40 % plus cher que dans l’Hexagone, selon l’Insee (2022). Cet écart a alimenté une forte contestation sociale, avec des manifestations contre la vie chère émaillées de violences en septembre et octobre 2024.

Face aux critiques, Stéphane Hayot rejette toute responsabilité directe : « La vie chère en Martinique, ce n’est pas un problème de marge ou de concurrence », a-t-il déclaré dans une interview aux Échos, mettant plutôt en cause le coût du transport, du stockage, ainsi que l’octroi de mer, une taxe locale sur les produits importés.

Un groupe toujours très rentable

Malgré la baisse de son bénéfice net, GBH affiche des résultats solides, avec une marge brute d’exploitation supérieure à 10 %, soit plus du double de celle de Carrefour (environ 5 %). L’entreprise ne se limite pas à la grande distribution : elle réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires dans le secteur automobile (vente, location, pièces détachées) et dans des activités diversifiées comme l’agroalimentaire et la production de rhum.

Basé en Martinique, GBH n’y concentre pourtant qu’une faible part de son activité (16 %). Le reste de son chiffre d’affaires provient de la Guadeloupe (15 %), de La Réunion (35 %) et de ses implantations à l’international (32 %).

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