La Batelière, le Club des Trois-Îlets, le Marouba, le Kalenda… Ces établissements hôteliers ont marqué l’histoire du tourisme en Martinique. Tous fermés, tous liquidés, tous annoncés comme en cours de relance. Pourtant, en 2025, pas un seul chantier n’a démarré, malgré les promesses. Une enquête dans les coulisses d’un marasme hôtelier, entre procédures judiciaires, lenteurs administratives, financements en berne et projets suspendus.
1. La Batelière : un projet figé par la justice
Fleuron du tourisme d’affaires à Schoelcher, l’hôtel La Batelière a été liquidé en 2024, puis racheté pour 5 millions d’euros par le groupe Karukéra (Patrick Vial-Collet) et Casbat (Henri Ernoult). Un ambitieux plan de rénovation prévoyait 30 à 40 millions d’euros d’investissement pour une réouverture en 2028.
Mais tout est bloqué : un recours en cassation déposé par un concurrent évincé empêche le lancement des travaux. Aucun dénouement judiciaire n’est attendu avant 2026. En attendant, l’établissement reste fermé, squatté et en ruines, suscitant l’inquiétude des riverains.
2. Club des Trois-Îlets : un projet approuvé… mais au point mort
Fermé depuis 2014, le Club des Trois-Îlets a été repris par le groupe Zénitude en 2023, avec un projet d’hôtel 4 étoiles soutenu par la CTM. Montant prévu : 8 millions d’euros et 40 emplois annoncés.
Pourtant, aucun signe de travaux en 2025. Des lenteurs administratives et des failles dans le montage financier expliquent l'absence d’avancée concrète.
3. Le Marouba : le fantôme du Carbet
Fermé depuis 2015, l’hôtel Marouba devait renaître sous la forme d’un complexe haut de gamme avec spa et thalasso, porté par le groupe Nexalia (projet Sapotille). Budget : 15 millions d’euros.
Deux ans après l’annonce, aucun chantier n’a commencé. Les obstacles sont les mêmes : lourdeur des démarches, retards institutionnels, et difficulté à réunir les fonds.
4. Le Kalenda : un terrain vide, toujours sans avenir
Liquidé en 2008, l’ex-Méridien Kalenda, à la Pointe du Bout, a été démoli en 2016. Le site, racheté par l’Établissement Public Foncier (EPF) pour 4,8 millions d’euros, reste toujours vacant.
Un projet hôtelier 4 étoiles porté par le groupe Karukéra avait été envisagé, mais le coût des travaux est passé de 35 à 50 millions d’euros, rendant l'opération incertaine. « Le projet est suspendu, pas abandonné », précise Arnaud René-Corail, président de l’EPFL.
Un gâchis économique et social
Ces fermetures ont entraîné le licenciement de centaines de salariés et la perte d’une offre hôtelière stratégique pour l’économie et le tourisme local. Une situation que la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) entend aborder en plénière en septembre 2025.
« Nous mettrons à l’ordre du jour les cas du Marouba, du Kalenda et du Club des Trois-Îlets. Des appels à manifestation d’intérêt seront lancés pour trouver des exploitants fiables et solides », promet Arnaud René-Corail.
À l’heure où la Martinique cherche à relancer son attractivité touristique, le blocage persistant de ces projets majeurs pose question. Entre ambitions affichées et inertie institutionnelle, l’avenir du secteur hôtelier reste incertain.
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