Le 1er Octobre par Daryll O. Temps de lecture : 6 min
À l’issue de la publication des nominés pour la cérémonie des Reggae Dancehall Awards, on a réussi à interroger les 2 fondateurs de Dreadlocks TV en même temps ; Mosiah Levy et Joss Deedjo, à la sortie des locaux de leur agence Yardies. Ils ont accepté de répondre à nos questions.
Bonjour et merci de nous recevoir et de nous accorder cette interview…
- Bonjour, de rien.
- C’est normal ! On a un service de presse en interne, on lui donne la primeure !
Vous venez de lancer dreadlocks tv, est-ce que vous pouvez nous décrire ce qu’est cette chaîne, et quels sont ses objectifs ?
JD : Oui nous avons lancé Dreadlocks TV le jour de la fête de la musique et nous sommes plutôt satisfaits de l’accueil réservé par le public. La chaîne a rencontré une audience fidèle auprès des britanniques et des Caraïbéens, c’est un peu plus timide en France, mais l’essentiel c’est qu’elle ait trouvé son public.
ML : L’objectif ? Il est simple. Une télé sur toute la culture reggae 24h sur 24. À nous maintenant de faire ce qu’il faut pour ne pas décevoir les attentes et du public et de nos téléspectateurs.
Quand vous dîtes une audience fidèle, vous avez déjà des chiffres à communiquer ?
JD : On tourne entre 800 et 1200 téléspectateurs par jour
ML : Un bon début…
On a vu passer sur les réseaux sociaux différentes annonces d’émissions, vous pouvez nous en dire plus ?
JD : Oui bien sûr, ce sont des émissions autour desquelles nous nourrissons beaucoup d’ambitions et que nous allons mettre en place petit à petit, avec la collaboration des artistes bien entendu.
ML : Donc le calendrier des rencontres est aussi conditionné par leur activité. Mais ça arrive.
Pour quand ?
JD : Je ne voudrais pas vous donner de faux espoirs ni faire dans l’effet d’annonces et encore moins mettre la pression sur les équipes que je salue d’ailleurs au passage pour leur engagement et leur volonté de faire avancer cette culture.
ML : Faut juste nous laisser le temps de faire les bails mais ça arrive.
Pourquoi organiser une cérémonie de remise prix des Reggae Dancehall Awards ?
ML : Ceux qui se posent la question sont ceux que ça ne dérangeait pas qu’il n’y en ait pas.
JD : Pourquoi le reggae n’aurait-il pas sa cérémonie de remise de prix? C’est pas bien ?
Je veux dire, il existait déjà les Victoires du Reggae, ça risque de faire doublon non ?
JD : On se complète ! Leur événement couvre l’international, c’est un travail colossal ! Ça touche les plus grandes stars. On parle tout de même d’un média majeur en France qui vient de célébrer son quart de siècle d’existence. Nous on débute, on ne peut pas comparer, c’est différent.
ML : Et on devrait se contenter de ça ? Votre raisonnement ça revient à dire qu’il n’y a pas besoin d’autres chaînes parce qu’il y a déjà TF1, on frôle le communisme, voire la favorisation de position dominante. On peut pas offrir au public comme aux artistes un autre point de vue, une autre façon de faire ?
Comment ont été choisis les nominés ?
JD : Les nominés ont été choisis en fonction de leur activité au cours de l’année. Nous aurions aimé y voir d’autres noms tout aussi méritants, mais c’est vraiment ce critère qui a primé.
Ensuite, il y a la volonté d’avoir une représentation la plus fidèle possible du paysage Reggae Dancehall francophone, c’est pour cela que nous avons élargi à la Suisse, la Belgique…
Et enfin, il y a également eu le fait de limiter la participation à deux catégories maximum par nominé. D’une part, pour ne pas devenir le promoteur d’un seul, parce la première liste établie en interne sans cette règle mentionnait un même artiste dans 6 catégories différentes ; et d’autre part ça permet de mettre en avant un plus grand nombre artistes.
ML : On serait resté sur notre idée première, je suis certain que vous nous auriez posé la question pourquoi untel est nominé 6 fois…
Qui a déterminé cette liste ?
JD : L’équipe éditoriale de la chaîne. Nous avons choisi le nb de catégories, On aurait aimé qu’il y en ait davantage mais ce n’est que la première, on pourrait étendre les catégories à l’infini, la meilleure collab, le meilleur one riddim, etc.
ML : Ce sera pour les prochaines éditions, on a le temps.
Pourquoi ne pas avoir sollicité l’avis d’un comité d’experts reconnus par le milieu pour constituer cette liste? Ou même le public ?
JD : Et qu’est-ce qui vous dit que notre équipe éditoriale n’est pas constituée de personnalités pointues ou tout au moins au fait de ce qu’est et a été le Reggae Dancehall ?
ML : Je réponds même pas, t’as vu ? Des experts… (tchiiip)
On a vu de grands noms manquants sur cette liste, comment est-ce que vous justifiez cela ?
ML : Ah ouais ? Vous pensez à qui ?
JD : Non, mais au-delà d’avoir à nous justifier de la présence ou de l’absence de X ou Y, pourrait-on simplement se réjouir de l’existence d’une telle célébration ? On a du faire des choix, et choisir c’est renoncer. On espère ne pas avoir à s’excuser auprès de qui que ce soit d’avoir dû trancher. C’est pas non plus l’Arche de Noé, si on doit big up tout le monde dans toutes les catégories, ça devient un épisode de 8 heures de l’Ecole des Fans tu vois. Et je ne suis pas sûr d’avoir ton attention pendant 8 heures assis sur ton siège dans un théâtre…
ML : Et puis on est pas dans une optique de « viens on met celui là et pas lui parce que je sais pas quoi», nous on est pour que le reggae rayonne. Bien sûr compte tenu de notre background, on connaît les histoires, tout ça, mais on est pas là pour alimenter les cancans et les rancoeurs des gens.
Est-ce que tout le monde a répondu présent et bien accueilli cette annonce ?
JD : C’est tout frais encore, j’imagine que certains ne savent même pas qu’ils sont nominés. Après les polémiques de pourquoi moi et pas lui, on savait qu’on y serait confrontés, c’est inévitable.
ML : Comment tu veux que ce soit pris t’facon ? « Ah merde je suis nominé ? ». Pour les artistes c’est bien, c’est même mortel. Après oui, ceux qui sont pas dans la liste, je comprends, mais on pouvait pas mettre tout le monde gros ! Maintenant laisse ton égo de côté et regarde : on fait un truc qui nous représente. Et même si t’es pas dans cette liste, t’es dedans ! C’est obligé ! Tu fais partie du mouvement personne peut te l’enlever et surtout pas nous, les gens du milieu ils le savent. Ca se trouve la prochaine fois c’est toi qui sera nominé et les autres ils vont grogner aussi, pareil.
Alors, comment ça va se passer cette cérémonie ?
JD : Bien…
ML : Comment tu veux que ça se passe, j’sais pas, regarde les autres cérémonies dans d’autres domaines, bah là ce sera à dominante reggae. Je sais pas ce que tu veux qu’on te dise avec ce genre de questions…
Est-ce que, par exemple, il y aura vos concurrents ?
JD : Mais pourquoi mettre encore systématiquement tout le monde en opposition ? C’est vraiment un modèle de pensée qui m’interpelle. Alors je ne sais pas à qui vous faîtes précisément allusion et ça ne m’intéresse pas de me positionner comme tel, mais j’espère que oui toute la grande famille des médias français spécialisés répondra présent pour célébrer et soutenir le Reggae Dancehall à cette cérémonie.
ML : Hey on les connaît tous, on a bossé avec eux pendant des années, on va pas faire style on les connaît plus aujourd’hui. C’est comme si j’prends le bus avec toi pendant des années pour aller au taf et tout à coup, j’ai une voiture, je passe devant toi tous les matins, mais ni j’te dis bonjour, ni j’te propose de t’emmener. Pourtant on va au même taf : reggae music ! On a pas été élevés comme ça frère…
On a vu, sur un des teasers, un trophée que vous avez appelé le CONQUERING LION, c’est ce trophée le qui sera remis aux lauréats ?
JD : Oui exactement
ML : Et chaque gagnant, c’est un membre du jury qui va lui remettre son trophée.
En parlant de jury, vous annoncez 10 personnes. De qui est-il composé ?
ML : Ça, on le dévoilera un peu plus tard, patience.
JD : Nous sommes en train de finaliser ce volet, nous avons déjà obtenu quelques retours positifs, on espère que tout le monde pourra répondre présent, ce serait grandiose.
Comment va se passer le vote ?
JD : Sur Twitter, enfin X maintenant, pendant 90 jours, c’est vote du public. Et de là, ce sont les jurys qui prennent la main pendant 20 jours pour élire les lauréats dans chaque catégorie.
ML : Et tout le monde peut voter ! Si tu veux faire voter ta grand-mère, tu lui ouvres un compte Twitter.
Entendu, passons maintenant à Yardies, votre Jamming Agency, de quoi s’agit-il ?
JD : Un concentré de tout ce que nous savons faire. Un condensé de tout ce que nous pouvons faire. Une agence regroupant un panel de compétences et de savoirs faire au service de la culture reggae.
ML : C’est à vous de dire ! T’as vu, vous, c’est Yardies Press, vous faîtes Babylonews. Y’a l’autre team qui s’occupe de tout ce qui est graphisme et design, y’a la partie accompagnement d’artistes, l’équipe promo, tout ça…
Ça d’accord, mais comment est-ce amené à évoluer ? Parce qu’au vu de ce que vous énumérez là, ça ressemble à un label un peu
ML : Ouais mais c’est pas ça.
JD : Ce qui est sûr c’est que nous n’avons pas vocation à être ou devenir un label de plus. Pour l’instant, on vient d’arriver, faut nous laisser le temps de mettre les choses en place, on veut simplement faire avancer et grandir la culture reggae avec nos idées. On a choisi de créer Dreadlocks TV dans un premier temps, pour ce qui est de l’évolution on verra.
ML : On diffuse H24 des artistes, on se fiche que tu soies signé chez untel ou chez l’autre ou indépendant : on diffuse, on promotionne avec un truc à nous, qu’on a bâti avec le cœur. Et ça on le fait que tu fasses de la musique, des fringues, de la nourriture, du CBD ou je sais pas quoi qui touche la culture reggae. Même ceux qui font déjà des bails et que tu dis qu’ils sont nos concurrents, ils peuvent être sur la chaîne avec leur propre émission, tu comprends ?
Oui oui. Pour revenir à la cérémonie des Reggae Dancehall Awards, on a aussi remarqué des noms mythiques sur la liste, vous pensez que tout le monde sera là ?
ML : Nous on invite, t’as vu ? Y’a des artistes qui seront loin, ceux là pas de problèmes, on se fera une petite visio s’ils ne peuvent pas venir ou se faire représenter. D’autres, ils seront en tournée, c’est le taf on respecte. Maintenant si toi, artiste reggae qui chante, qui prône l’unité, qui milite pour le mouvement depuis X années, tu prends la décision de ne pas venir à une célébration Reggae Dancehall où tu es invité pour X ou Y raisons, parce que t’as pas envie de croiser celui-là, parce qu’on a pas mis ton nom en haut en lettres de feu, ou parce que tu trouves que ça fait pas avancer le truc ou parce que tu veux pas donner de force à ce qu’on entreprend, c’est toi et toi ! Mais viens pas chanter unity devant nous après…
JD : On espère que tout le monde sera réunit, et on espère même que ceux qui penseront avoir été oubliés viendront donner de la force au mouvement, à la culture parce que ça va être avant tout un beau moment de communion et c’est ça l’essentiel.
On parle beaucoup des artistes, mais est-ce qu’il y aura aussi du public à cette cérémonie ?
ML : Bien entendu ! Tous autant qu’on est, on fait ça aussi pour le public, pour les téléspectateurs
JD : En effet, c’est aussi pour le public qu’a lieu ce genre d’event. Donc oui il y aura bien du public, les préventes seront ouvertes prochainement.
Elles seront à quel prix les préventes ?
JD : 40€ en préventes et 50€ sur place
ML : ça veut dire que si tu t’y prends maintenant ça te fait 10 balles par mois. Au pire tu te fais offrir ta place à Noël s’il en reste (rires)
Merci pour ces réponses et pour votre temps, On attend donc la suite avec impatience.
JD : Normal, merci à vous
ML : Yes merci. Bless
Commentaires
Enregistrer un commentaire