Ils se sont réunis pour manifester « contre la vie chère ». Depuis quelques semaines, la tension monte en Martinique, avec de nombreux appels lancés contre la grande distribution par le mouvement RRPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes). La mobilisation s’organise essentiellement sur les réseaux sociaux, notamment via le compte de Rodrigue Petitot, surnommé Le R. Le rendez-vous a été donné en Martinique, en Guadeloupe, mais aussi en métropole, dans le Val-de-Marne, en région parisienne, au niveau du centre commercial Créteil Soleil.
Le mouvement plaide pour une harmonisation des prix de l’alimentaire – élevé en raison des coûts d’importation – avec ceux de la métropole. Interrogé par le média RCI (Radio Caraïbe International) Rodrigue Petitot, chef de file du mouvement, a rappelé que ce combat était celui « de tout un peuple » et qu’un simple ticket de caisse, preuve de la hausse des prix, faisait office « d’invitation à manifester ».
Il a aussi pointé du doigt les décalages avec la France hexagonale : « On a les mêmes radars, les mêmes amendes, là ça ne dérange pas d’aligner les prix, parce qu’on est français, dénonce-t-il. Mais sur l’alimentaire, sommes-nous français ou pas ? » Et d’ajouter : « On va arrêter ce jeu-là, on a le droit de se nourrir comme tout le peuple français. »
Le 1er juillet dernier, un courrier d’injonction avait été envoyé par le mouvement aux acteurs de la grande distribution de Martinique et de Guadeloupe, en alertant sur les niveaux de prix proposés aux consommateurs. « Nous partageons le constat qu’il existe des écarts de prix avec l’Hexagone, ont-ils répondu. Mais il est très important de dire que de nombreuses enquêtes très approfondies ont été menées […] et ont abouti aux conclusions que ces écarts ne venaient pas de marges excessives ou d’abus des acteurs locaux, mais bien de contraintes structurelles. »
Pourtant, il semblerait que cette réponse n’ait pas atténué la colère du mouvement. Si les actions prévues sont annoncées comme pacifiques, Rodrigue Petitot prévient : « Si on se fait agresser, on va riposter. » En invitant sur son compte TikTok les forces de l’ordre à « éviter de faire usage de gaz lacrymogène ou quelconque forme de violence ».
À ces appels, le député (NFP) de la 1ere circonscription de Martinique, Jiovanny William, a réagi : « Ces actions citoyennes de plus en plus nombreuses nous interpellent, nous, politiques en responsabilité. »Dans son communiqué de presse, l’élu partage le constat d’une crise économique touchant l’outre-mer qui « provoque inéluctablement une fracture sociale et sociétale. »
Pour cela, il propose un dispositif visant à « réduire le prix des produits de première nécessité, en supprimant le fret et l’octroi de mer pour environ 2 500 produits ». Espérant qu’une rencontre ait lieu entre acteurs politiques et économiques pour s’engager « sans démagogie dans un processus commun pour atteindre une baisse réelle des prix ».
Au tout début de cette journée de mobilisation, qui devait initialement se tenir devant un centre commercial de Fort-de-France, Rodrigue Petitot, président du RPPRAC, a été arrêté par les forces de l’ordre. Surnommé Le R, cet homme d’une trentaine d’années a été interpellé près d’un dépôt de bus où des dégradations et une tentative de vol ont été constatées, a indiqué une source policière. Porteur d’une cagoule lors de son arrestation, il a été placé en garde à vue, selon la même source. Vêtus de rouge, les manifestants ont alors pris à pied la direction du port, distant d’environ quatre kilomètres.
« Il me semble légitime de la part des Martiniquaises et des Martiniquais de se mobiliser pour une cause juste qui est celle de la baisse du coût de la vie », a commenté Béatrice Bellay, députée et secrétaire générale de la Fédération socialiste de Martinique, présente devant le port de Fort-de-France. Selon une étude de l’Insee en 2022, les prix alimentaires étaient 40 % plus élevés en Martinique que dans l’Hexagone.
Pour l’heure, et pour seule réponse, les manifestants n’ont eu droit qu’à un communiqué de presse du préfet.
Le sujet de la vie chère est l’une des priorités les plus essentielles de l’action de l’État sur le territoire, depuis plusieurs années, et mérite mieux que ces expressions ou actes de violence et de haine.
Commentaires
Enregistrer un commentaire